Francesca Ceccarini, Al-Quds e Yerushalayim. Un dialogo in due lingue: I paesi arabi e la questione di Gerusalemme, Franco Angeli, Milano 2016.

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:02:49

Jérusalem, la ville trois fois sainte (al-Quds) pour les musulmans, les juifs et les chrétiens, qui l’aiment tellement que chacun pourrait y redire le verset du psalmiste « Jérusalem, que ma main … » est aujourd’hui la cité que se disputent deux peuples et deux États. Elle est au cœur de la politique des pays arabes voisins depuis que des accords de paix ont été signés entre Israël, d’une part, et l’Égypte, le Liban et la Jordanie, d’autre part. Francesca Ceccarini, ayant achevé brillamment ses études à l’École de Sciences politiques « Cesare Alfieri » de Florence et y a reçu le prix « Guido Galli » comme étant la meilleure thèse, propose en cet ouvrage la substance de son travail de recherche sur l’histoire récente de Jérusalem-Est dans la bourrasque des derniers conflits entre Israël et les pays arabes voisins. Vingt années de tractations et de négociations sont ici prises en compte pour évaluer les prétentions politiques des uns et des autres : peut-on espérer une juste solution pour en finir avec elles et garantir à la cité un « vivre ensemble » pacifié et pacifiant pour ses habitants comme pour ses pèlerins ? Telle est la question à laquelle elle tente de répondre en analysant avec rigueur et en toute objectivité ce qu’en disent les responsables politiques tant en Israël qu’en Palestine, Jordanie, Égypte et Arabie Saoudite. D’où les 6 chapitres suivants. Le premier, Al-Quds al-Sharîf, traite d’al-Quds « la noble » dans la première tradition arabo-islamique, puis dans la tradition arabo-islamique classique, enfin dans l’histoire contemporaine des deux derniers siècles. Le deuxième chapitre a pour titre Al-Quds 1967 : la défaite humiliante où tout est dit de la Guerre des six jours, du Sommet de la Ligue Arabe à Khartoum, de la Résolution n° 242, de l’Incendie à la mosquée al-Aqsa et de la création de l’Organisation de la Conférence islamique, du plan Rogers, du Royaume Arabe Uni, de la victoire de Ramadân et de la Conférence de Rabat. Le troisième chapitre continue avec Yerushalayim 1977 : la paix nonobstant Jérusalem qui évoque l’impasse diplomatique, l’année du changement (1977), les rencontres au Maroc, le voyage d’el-Sadate à Jérusalem, les colloques d’Ismaïlia, la conférence de Camp David : la Paix nonobstant Jérusalem. Le quatrième chapitre reprend Al-Quds et Yerushalayim : un dialogue en deux langues au rythme des négociations du traité de paix et de la variable iranienne, toujours vers le traité de paix avec l’Égypte, Jérusalem étant au centre des négociations sur l’autonomie (un dialogue en deux langues), alors que Jérusalem est proclamée capitale éternelle et indivisible (d’Israël), que le plan Fahd se conclut au sommet de Fès et que le plan Reagan en revient à l’option jordanienne. Avec pour titre La Paix y compris Jérusalem, le cinquième chapitre passe en revue le désengagement jordanien, la paix américaine (la conférence de Madrid), les accords d’Oslo et la Déclaration de Principes, la « Jordan Trak » (de l’agenda commun au traité de paix), le traité israélo-jordanien ou la paix du roi, l’assassinat du premier ministre, la chronique d’une cité disputée et l’émergence de l’autorité palestinienne, le Protocole d’Hébron et la bataille pour al-Quds, le Memorandum de Wye River et la disparition du roi Husayn. Le sixième chapitre, intitulé Al-Quds et Yerushalayim ? La chronique d’une tentative de division aborde enfin les faits récents : Camp David II, les conséquences de son échec et l’Intifada d’al-Aqsa, la position saoudite d’Oslo à l’initiative des pays arabes, les effets de cette initiative et le retour diplomatique des États-Unis, la Road Map, Annapolis et le coup de grâce de l’administration Bush. Y a-t-il un changement d’approche sur le monde arabe ? (La présidence de B.H. Obama). La mosquée al-Aqsa serait en péril ? Givat HaMatos comme Har Homa ? L’épilogue se contente d’un constat de l’actuelle situation. Qu’en sera-t-il demain de Jérusalem ? Nul ne saurait le dire. Telles sont, brièvement évoquées, les étapes successives des efforts fournis pour régler le contentieux entre Israël et les pays arabes voisins relativement à Jérusalem-Est. C’est le mérite de Francesca Ceccarini d’avoir consulté toutes les sources accessibles en anglais et en français, en hébreu et en arabe, pour en décrire les expressions politiques et les implications symboliques. Particulièrement documentée et impartialement analysée, son enquête montre combien il est difficile de faire abstraction de la signification historique et idéologique et de la dimension religieuse et spirituelle de cette Jérusalem dont les frontières se confondent encore avec les murailles qu’y fit édifier Soliman le Magnifique. Il est à souhaiter que les responsables actuels des peuples israélien et palestinien finissent enfin par en imiter la sagesse pour que Jérusalem connaisse à nouveau ce « vivre ensemble pacifié et pacifiant » que musulmans, juifs et chrétiens considèrent à juste titre être son message aujourd’hui et sa promesse pour demain, étant alors une « nouvelle Jérusalem » pour tous et pour toutes.