L. Siagh, L’Islam e il mondo degli affari. Denaro, etica e gestione del business, Etas ,Milano 2008. [L’Islam et le monde des affaires. Argent, éthique et gouvernance, Paris, Editions d’Organisation - Impr. Jouve]

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:49:20

La finance islamique est un phénomène qui, s’est imposé de plus en plus ces dernières années, sur la scène de l’activité économico-financière globale et attire progressivement l’attention d’analystes, d’opérateurs du monde du crédit et de la finance, des économistes, des investisseurs, managers et entrepreneurs. Dans la conjecture actuelle de crise des marchés financiers qui pèse sur les banques américaines, à cause de la bulle financière des prêts subprime, et qui est en train d’impliquer un nombre de plus en plus élevé de banques européennes, le secteur des banques islamiques est en train d’obtenir des résultats étonnants, avec une croissance annuelle qui se situe autour de 15-20% Il s’agit d’une réalité difficile à comprendre de la part des observateurs de culture occidentale, parce qu’elle se caractérise par un ensemble de facteurs intangibles, dérivants des principes fondamentaux de l’Islam, qui déterminent de façon totalisante et constituent le présupposé fondamental pour la structuration, l’organisation et le fonctionnement des instituts bancaires islamiques. Une réalité avec laquelle nous devons apprendre à nous confronter, à connaître et à déchiffrer, parce que destinée à occuper un rôle de plus en plus central dans l’horizon financier global : les prévisions – rapportées dans l’introduction du livre – parlent de 300 instituts de crédit, correspondant à 4% de l’activité financière mondiale (on prévoit que dans 5 – 10 ans elle atteindra 15%), 500 milliards de dollars actuellement administrés, 1 milliard et 200 millions d’épargnants potentiels. Le livre de Lachemi Siagh, L’Islam et le monde des affaires. Argent, éthique et gouvernance est un tribut qui se situe dans cette dynamique d’attention croissante et d’étude des caractéristiques singulières de la conception islamique de la finance, et des formes d’organisation concrètes, de produits financiers et de présupposés éthiques qui en constituent la nature. L’ouvrage constitue un instrument utile de compréhension dédié aux opérateurs du secteur et aux chercheurs, qui désire fournir les clés interprétatives pour pouvoir expliquer le phénomène de la finance islamique et consentir aux entrepreneurs et aux banquiers occidentaux d’y pénétrer concrètement, créant des synergies et opérant avec succès dans cette réalité complexe d’entreprises et de crédits. Un tribut analytique et illustratif précieux (même si par moment un peu répétitif), qui met en évidence combien l’idée erronée et trompeuse des théories d’organisation élaborées par des prospectives occidentales (Nord Américaines en particulier) constituent un modèle universellement valable et applicable à toutes les formes d’organisation existantes. Siagh souligne que les théories occidentales, en mettant au centre de leur analyse le milieu opérationnel et les paramètres d’efficacité, ne parviennent pas à cueillir ce qui considère l’élément clé des banques islamiques : le milieu intangible de doctrine intensive, (c’est-à-dire l’ensemble de préceptes de la Charia), qui imprègne complètement d’elle-même le système bancaire islamique et le rend profondément différent de celui occidental. Le système économique islamique est fondé sur la Charia qui lui fournit ses principes de direction, sa conception du monde, ses objectifs et sa stratégie. L’auteur met en évidence l’introduction des banques islamiques à l’intérieur de situations d’intensité culturelle, qui dressent de fortes contraintes aux sujets bancaires. En particulier, les principes qui guident l’activité des banques islamiques sont ceux de la religion islamique, qui prévoient l’interdiction et la condamnation des prêts avec intérêt. L’auteur rapporte l’avertissement coranique : « Dieu a permis la vente et il a interdit l’usure » (Coran, II, 275) et l’affirmation de Mahomet : « Celui qui prête et celui qui reçoit de l’argent avec intérêt commet un crime tout comme celui qui enregistre et celui qui est témoin de ce prêt à intérêt ». Les principes religieux déterminent la forme et l’activité des banques islamiques, qui opèrent sur le marché comme sujets commerciaux, à l’intérieur de secteurs consentis (il leur est interdit d’opérer dans des secteurs immoraux tels que : alcool, tabac, jeu de hasard, armes, pornographie). Vu qu’il s’agit de banques interest free (sans intérêt), la méthode pratiquée par ces instituts bancaires est celle du partage et de partage de risque avec les épargnants (profit and loss sharing – partage profit et perte). De cette façon « les gains des dépôts bancaires et des investissements opérationnels de la banque ne sont pas fixes et prédéterminés, mais sont calculés uniquement ex post, en relation aux revenus réellement obtenus. Ici se concentre la différence principale avec les banques occidentales, qui sont au contraire interest based (basées sur l’intérêt), c’est-à-dire chez elles, l’intermédiation des capitaux est basée, aussi bien du côté de la récolte que des utilisations, sur le paiement d’un taux d’intérêt ». Autre principe base de l’Islam assumé par les banques islamiques est zakat, un impôt religieux annuel, à travers lequel on réalise une forme de redistribution en faveur des tranches indigentes de la population. Du point de vue de la structure organisationnelle, outre la figure de l’administrateur délégué et de l’organisme du conseil d’administration, chaque banque islamique prévoit un comité de la Charia, une espèce de comité éthique préposé à garantir que les activités et les produits bancaires sont conformes aux principes religieux et moraux, qui sont la raison d’être de l’activité bancaire islamique. « La Charia est le fondement même de la culture de l’organisation, c’est-à-dire son sang. Sans elle, il n’y a pas d’organisation ». Malgré les profondes différences entre banques islamiques et systèmes bancaires occidentaux, l’auteur relève l’importance de plus en plus considérable que sont en train d’acquérir les accords entre groupes bancaires occidentaux et banques islamiques. En ce qui concerne l’Italie, les temps sont désormais mûrs pour une accélération des synergies vouées à l’intégration entre la réalité bancaire italienne et celle islamique, comme le déclarent à deux voix, dans la préface de l’édition italienne du volume, Corrado Faissola, président de l’Association Bancaire Italienne et Adan Yousif, président de l’Union des Banques Arabes. Cette année verra le jour en Italie, la première banque islamique, mais d’autres Pays européens se sont déjà activés dans cette direction (Angleterre, Luxembourg), en favorisant l’ouverture de guichets islamiques et de banques islamiques, où les épargnants musulmans, qui ne se reconnaissent pas dans le système bancaire occidental où la priorité est attribuée au profit et au rendement alors que l’éthique n’a aucune incidence, peuvent faire gérer leurs épargnes de façon conforme aux principes religieux auxquels ils adhèrent.