Une recherche sur le territoire milanais

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:05:21

L’ouvrage La sfida del meticciato nella migrazione musulmana. Una ricerca sul territorio milanese [Le défi du métissage dans la migration musulmane. Une recherche sur le territoire milanais] est une des premières tentatives d’utilisation du concept de métissage, élaboré par l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola, comme clé d’interprétation afin de comprendre les formes d’interactions qui existent entre le monde musulman et la communauté italienne et chrétienne, en particulier sur le territoire milanais. Le travail présente les résultats d’un projet de recherche bien articulé et ambitieux promu par la Fondation Oasis et mené en collaboration avec le Centre de l’Athénée d’Études et de Recherche sur la Famille de l’Université Catholique de Milan et la Fondation ISMU en 2015-2016. Grâce à des entretiens avec des musulmans de première et de deuxième génération, avec des témoins privilégiés et des représentants de réalités structurées (musulmanes, catholiques et aconfessionnelles) la recherche avait pour objectif d’enquêter sur les formes de métissage existant et les conditions qui rendent possible un échange réel et une rencontre entre des personnes et des réalités communautaires appartenant à cultures différentes. Dans la première partie, l’ouvrage propose donc un encadrement culturel et démographique de la présence musulmane à Milan à travers la description des principales organisations islamiques de première et de deuxième génération actives en Italie et, en particulier, dans le territoire milanais, des éléments que les différentes réalités ont en commun et des principaux facteurs de différenciation. Dans le chapitre suivant, sont mis en lumière la complexité et les différentes facettes de la présence musulmane à Milan, par le traitement des données quantitatives sur les caractéristiques structurelles de cette population : sexe, âge et niveau d’instruction, ancienneté de la présence, conditions de travail et situation professionnelle, conditions de logement, situation familiale et taux d’irrégularité. La seconde partie de l’ouvrage présente, en revanche, les principaux résultats de la recherche et sa structure méthodologique, basée sur le modèle de l’acculturation de J. Berry, utilisé, comme l’explique Giovanna Rossi dans la préface « pour lire les dynamiques culturelles engendrées par la rencontre entre migrants et autochtones et les issues possibles des processus d’adaptation au nouveau contexte des migrants musulmans ». Le travail part de l’idée qu’un processus effectif de métissage, duquel toutes les parties en cause sortiront transformées, est déjà en cours. Il essaye d’analyser l’existence d’un métissage religieux (et pas seulement ethnique et culturel) et de ses formes, en considérant le contexte milanais et, en particulier, les différences entre les hommes et les femmes et la première et la deuxième génération. Ce qui émerge est un cadre complexe et bien construit avec des expériences déjà opérationnelles d’échange et de rencontre mais aussi d’indifférence et de fermeture à l’égard de l’autre. La recherche démontre aussi l’existence d’un processus en devenir où le développement de relations de confiance et de collaboration et l’engagement croissant des personnes de la deuxième génération et des femmes pourront jouer un rôle fondamental pour des rencontres effectivement « génératrices » de métissage. En effet, dans les paroles du cardinal Scola, le métissage est « avant tout, un processus en cours qui n’indique ni une théorie sur l’intégration culturelle, ni une catégorie globale de compréhension de la réalité, mais il constate une situation de fait qui est face à nous et qui, que nous le voulions ou pas, implique chacun de nous individuellement et socialement, en tant que personnes et membres des corps intermédiaires et des sociétés civiles » (Scola, 2007).1 Note 1Angelo Scola, Une nouvelle laïcité. Thèmes pour une société plurielle, Liamar, Monaco 2011.