Traduction de la première partie d'une fatwa critiquant l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023
Dernière mise à jour: 26/05/2025 10:59:24
Cette traduction a été réalisée par Amin Elias et Martino Diez dans le cadre du projet NIJAR, financé par le ministère de l’Université et de la Recherche, ItaliaDomani et l’Université Catholique du Sacré-Cœur, dans le cadre du PNRR (Plan National de Relance et de Résilience) avec le soutien de NextGenerationEU.
Note préliminaire
Le 6 novembre 2024, le cheikh Salmān Bin Naṣr al-Dāya, un des juristes islamiques les plus connus à Gaza, a publié une série d’opinions, en six parties, sur sa page Facebook sous le titre « Ô politiciens : Arrêtez cette marée ». Ces opinions ont été exprimées en réponse à une déclaration d’Usāma Ḥamdān, membre du bureau politique du mouvement Hamas et responsable des relations internationales qui, lors d’une conférence en Mauritanie, avait accusé de trahison toute personne qui remettrait en question la décision du Hamas de lancer l'opération du 7 octobre 2023 contre Israël.
Nous avons jugé important de traduire la première partie de cette série pour deux raisons. Premièrement, cette partie est la plus longue et la plus essentielle, représentant un tiers de l’ensemble de l’avis juridique. Deuxièmement, elle examine et interroge, en utilisant la méthodologie du droit islamique classique, le concept de jihad que le mouvement Hamas a utilisé pour justifier son attaque contre Israël.
Après la fin de la trêve à Gaza, la question de savoir quels sacrifices il est possible d’exiger d’une population est revenue d’une douloureuse actualité.
Au nom de Dieu le plus miséricordieux
Le 6 novembre 2024
Ô politiciens : Arrêtez cette marée
Louange à Dieu, et que la prière et la paix soient sur le Messager de Dieu.
Cela dit : Les médias ont présenté des déclarations éloignées de la bonne guidance qui ont été faites par quelques politiciens de notre pays. J’ai jugé bon de les commenter, afin que les gens aient une vue claire de ce que je considère comme vrai, et je demande à Dieu de me guider.
L’un d’entre eux a dit :
Ô frères, ô sœurs, certains parmi les lâches et les faibles pourraient dire : n’était-ce pas mieux de ne pas combattre, et d’accepter la situation déjà en cours, au lieu de perdre toutes ces vies ? Voici ce que pourraient avancer ceux qui sont apathiques. Je vais être honnête avec vous et vous dire : ceux qui lancent ce type de déclaration sont manipulés par des cabinets secrets, liés à notre ennemi. Peut-être siègent-ils dans certaines de nos capitales, mais ils sont toujours liés à notre ennemi. Leur mission et leur détermination consistent à affaiblir cette umma [nation islamique]. Dieu le tout puissant dit de ceux-ci : ‘S’ils étaient partis avec vous, ils n’auraient fait qu’ajouter à votre trouble’ (Cor. 9,47)[1].
Parlons tout simplement : en 2022, il n’y avait pas l’opération Déluge d’al-Aqṣā[2], et la Résistance ne combattait pas en Cisjordanie. Durant cette seule année, 500 martyrs [sont tombés] sur les postes de contrôles (Check-points) de l’armée d’occupation, uniquement en Cisjordanie. Cela veut dire que le tribut se paye, et comment ! On a donc à choisir entre le payer tout en étant libre, jihadiste, résistante et vainqueur si Dieu le veut, ou le payer tout en étant humilié, déçu et vaincu.
Je voudrais rappeler à mon frère[3] qui a écrit ce texte que le jihād al-shawka [jihād de la puissance] possède des piliers, des causes, des conditions, des finalités et des interdits.
Parmi les piliers, il y a : le commandant, les soldats, la terre, les armes, la présence d’un agresseur non-musulman[4] ou d’un rebelle[5] ou de quelqu’un qui répand la corruption sur la terre (à savoir un brigand), ou enfin d’un oppresseur.
Parmi les causes, il y a : l’agression contre la religion, la vie, l’honneur, la captivité, l’occupation de la terre, ou la saisie de l’argent.
Parmi les conditions, il y a : la foi et la sincérité, la pitié, l’entente, la solidarité et la cohésion, la formation des soldats, la force militaire, le fait de pouvoir assurer aux soldats la nourriture, l’eau, les médicaments et les vêtements, ainsi bien que des refuges et des lieux de combats sûrs et éloignés des maisons occupées, des immeubles habités, des écoles pleines, des hôpitaux remplis. [Il est exigé également que soient assurés] les voies de ravitaillement et d’équipement militaire pour les soldats ; [il faut] s’éloigner autant que possible des demeures des civils et de leurs refuges, assurer la sûreté et la sécurité aux civils autant que possible et ceci en tout ce qui concerne les différents aspects de leur vie, sécuritaire, économique, sanitaire, scolaire, et préparer des provisions nécessaires pour une période plus longue[6] que celle anticipée par les experts et conseillers militaires.
Parmi les objectifs du jihād pour lesquels on a légiféré, il y a : repousser les risques qui pèsent contre la religion, les âmes, l’honneur, les générations futures, les biens ; libérer les prisonniers et ceux qui sont en captivité, protéger les lieux de culte, sécuriser les frontières, contrôler les ports qui permettent aux gens d’assurer leurs intérêts.
Parmi les interdits, il y a : la perturbation des ou de certains piliers du jihād, l’incapacité à éliminer ses ou certaines des causes qui le justifieraient, la perturbation des ou de certaines de ses conditions, l’incapacité à atteindre ses objectifs.
Ainsi donc, quand il est probable que les objectifs et les finalités du jihād ne seront pas atteints, en raison d’une perturbation ou d’un manque au sujet des piliers mentionnés, des causes, ou des conditions, il est nécessaire de l’éviter. Et cela devient encore plus certain quand on estime que les effets entreront en contradiction avec les objectifs du jihād, en portant préjudice à la religion, la vie, l’honneur, les générations futures, l’argent, ou en produisant une mainmise sur la terre, en plus de la destruction des éléments vitaux. Ceci était aisé à estimer par les politiciens de notre pays et ses leaders à travers l’examen des agressions des ahl al-ḥarb [« gens de la guerre », dans ce contexte les Israéliens] contre la Cisjordanie et la bande [de Gaza] lors des confrontations précédentes, qui étaient beaucoup plus légers que l’événement du 7 octobre. La réponse [d’Israël] à ces confrontations a consisté à causer un grand nombre de martyrs et de blessés, à faire exploser les maisons et les immeubles, à déplacer des gens pour des jours et des mois vers les écoles, les hôpitaux et les maisons préfabriquées, à faire raser les murs, à renforcer le blocus, à contrôler les entrées d’argent, à s’emparer des fonds de compensation[7], à restreindre la mobilité des ouvriers et des voyageurs et à limiter les déplacements de gens ayant besoin de traitement médical vers les hôpitaux de la Cisjordanie et d’autres hôpitaux disponibles dans nos pays arabes.
Rien de ce qu’a déclaré la Résistance au moment du début des hostilités[8] n’a été réalisé, en termes des objectives qu’elle se proposait quand elle a décidé de provoquer l’ennemi, le mettre en colère et l’appeler à la guerre. Or, si la réaction des « gens de la guerre » consistait à provoquer de grands maux pour des raisons beaucoup plus légères de ce qui s’est passé le 7 octobre, cela aurait dû amener tout homme doué de raison à prévoir que l’étendue des dégâts liés à la réaction des « gens de la guerre », au cas où un événement plus grand des précédents aurait lieu, serait bien plus importante sur les esprits, les propriétés, les éléments vitaux, sur les restrictions à l’encontre les prisonniers et l’augmentation de leur nombre.
Et afin que le lecteur soit tranquillisé de ce que j’avance à propos de la prise en compte des finalités du jihād, et de la nécessité d’examiner ses résultats avant de décider de le lancer, je vais mentionner la preuve du Livre [Coran] et de la Sunna.
Dieu tout puissant a dit : « Dieu a maintenant allégé votre tâche ; il a vu votre faiblesse. S’il trouve parmi vous cent hommes endurants, ils en vaincront deux cents. S’il s’en trouve mille, ils en vaincront deux mille, avec la permission de Dieu. Dieu est avec ceux qui sont endurants » (Cor. 8,66).
Selon sa logique, ce verset oblige les croyants à tenir bon lors de la confrontation avec leurs ennemis si ceux-ci sont deux fois plus nombreux qu’eux ou moins que cela. En cas d’incapacité d’atteindre le but du jihād, Dieu a permis aux croyants de fuir l’ennemi, afin qu’ils s’écartent [du champ de bataille] vers un endroit où ils pourront reprendre l’avantage et parvenir à nuire [à l’ennemi], s’approvisionner en matière d’équipement et d’armes ou se ranger au côté d’une troupe de croyants et accroître le nombre des effectifs, dans l’espoir de réaliser les objectifs et les finalités du jihād. S’ils prennent la fuite pour une raison autre que cela, c’est illicite. Ils seront alors exposés à la colère de Dieu et au tourment du feu. Le Tout-Puissant dit : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous rencontrez des incrédules en marche pour le combat, ne leur tournez par le dos. » (Cor. 8,15). Leur fuite sera considérée comme un grand péché qui amène à la perdition. Selon le hadīth de Abū Hurayra, le Prophète a dit : « Évitez les sept choses qui amènent à la ruine ». Ils ont répondu : « Ô Messager de Dieu, que sont-ils ? » Il a dit : « Associer quelque chose à Dieu… et fuir, le jour où la troupe marche au combat »[9].
Dans son acception, le verset nous enseigne que si les gens de la guerre sont deux fois plus nombreux que les croyants, il est absolument licite aux croyants de fuir pour s’écarter [du champ de bataille] et se ranger au côté [d’une troupe de croyants], ou tout simplement pour sauver leur vie parce que le grand nombre [de soldats ennemis] permet d’estimer qu’ils auront les dessus et que les objectifs du jihād ne seront pas atteints. Il est donc absolument permis de fuir et ceci n’est pas considéré comme un péché, selon l’acception du verset et selon un dire d’Ibn ‘Abbās[10], que Dieu soit satisfait de lui et de son père, pour lequel : « Si un homme échappe à deux hommes, il a pris la fuite, et s’il a échappé à trois, il n’a pas pris la fuite »[11].
En sus du grand nombre vient la puissance et le déséquilibre des forces, parce qu’ils permettent de prévoir qui aura le dessus. Que faire, alors, si notre ennemi a réussi à associer le grand nombre avec la puissance militaire !
Et donc, s’il est licite de fuir en cas d’incapacité à réaliser le but [du jihād], il est en principe autorisé d’abandonner le combat contre l’ennemi, et de ne pas leur permettre de terrifier les croyants. Cette norme se renforce dans le cas où il est probable que les croyants ne seraient pas en mesure de réaliser les objectifs de leur jihād, de parvenir à faire du mal [aux ennemis] et de nuire à leurs intérêts. Ce que nous pouvons faire, dans ce cas, c’est ce qu’a pu faire le Prophète lui-même, quand il a abandonné le jihād contre son ennemi à La Mecque, pendant les dix-huit premiers mois de son hégire vers Médine. Ceci n’a autre explication que l’impossibilité [dans laquelle il se trouvait] à atteindre l’objectif du jihād, en raison de l’absence des causes qui lui permettraient de le mener à bien. Ajoutons à ceci le besoin urgent du Prophète de s’assurer que la religion soit bien comprise par les cœurs des croyants, que leur lien avec le Seigneur des Mondes soit renforcé, et que les résidus de la jāhiliyya [« barbarie », mode de vie païen] soient écartés, que les cœurs soient rassemblés dans l’amour de Dieu, le soutien de la religion et le rejet de la division, et que leur manière d’être soit à l’image des anges, en paroles et actes.
Mon cher frère, cette compréhension est celle des plumes des juristes du temps passé.
Ibn ‘Ābidīn[12], que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « L’imam est obligé d’envoyer une expédition militaire vers le domaine de la guerre (dār al-ḥarb) une ou deux fois chaque année… et ceci s’il estime d’être égal [à son ennemi] en matière de force ; sinon il n’est pas permis qu’il combatte ses ennemis »[13].
Al-‘Izz Ibn ‘Abd al-Salām[14], que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « La fuite des musulmans face aux kāfirīn [« mécréants »] est un germe de corruption ; mais elle est autorisée si le nombre des mécréants apparaît être le double de celui des musulmans quand les deux rangs se rapprochent. [Cette limitation] vise à alléger la tâche des musulmans et repousser le germe de corruption qui serait impliquée dans la victoire des mécréants sur les musulmans en raison de leur nombre »[15].
Le même, que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « La fuite le jour où la troupe marche au combat est un grand germe de corruption. Cependant elle devient une obligation si l’on sait que les musulmans seront tués sans avoir causé aucun dommage aux mécréants. Car risquer sa vie n’est autorisé que si ceci va dans l’intérêt de renforcer la religion tout en nuisant aux polythéistes. Si cet objectif est hors de portée, il est obligatoire de se retirer afin d’éviter la perte de vies [des musulmans] et pour ne pas donner satisfaction aux cœurs des mécréants. Dans ce cas-là, insister dans la guerre est considéré comme un pur germe de corruption n’ayant aucun intérêt pour les ahl al-islām [« gens de l’islam »] »[16].
Al-Rāfi‘ī[17], que Dieu lui fasse miséricorde, a dit dans son Sharh : « L’imâm, c’est-à-dire al-Shāfiʿī, a dit […] : si tenir bon mène à la destruction totale [des musulmans] sans dommage pour les mécréants, il devient nécessaire de prendre la fuite »[18].
Al-Shīrāzī[19], que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « Si le nombre des mécréants est deux fois plus que celui des musulmans, ces derniers doivent prendre la fuite. En effet, Dieu Tout-Puissant, en exigeant que cent personnes se dressent avec endurance face à deux cents personnes, a montré que les musulmans n’ont pas obligation de se dresser avec endurance face à tous ceux qui dépassent les deux cents »[20].
Al-Khaṭīb al-Shirbīnī[21], que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « Si nous gardons l’espoir, bien que le nombre des mécréants soit deux fois supérieur [à celui des musulmans], que l’endurance amènera à la victoire, il est souhaitable que nous nous dressions avec endurance [face aux ennemis]. Si cependant nous percevons que nous allons être détruits sans pouvoir causer du dommage à l’ennemi, nous devons prendre la fuite, parce que le Tout-Puissant a dit : ‘Ne vous exposez pas, de vos propres mains, à la perdition’ (Cor. 2,195). Il est alors souhaitable pour nous de prendre la fuite »[22].
Ibn Juzayy[23] que Dieu lui fasse miséricorde a dit : « Si les musulmans savent qu’ils vont être tués, battre en retraite est la meilleure option ; et s’ils savent par surcroît qu’ils ne causeront aucun dommage à l’ennemi, il devient obligatoire de prendre la fuite. Abū al-Ma‘ālī[24] a dit : « Il n’y a aucune contestation à ce sujet »[25].
Al-Shawkānī[26] a dit : « Chacun s’accorde que celui qui s’avance [pour le combat] en sachant qu’il va être tué, vaincu, ou pris en otage, s’est exposé de lui-même à la perdition »[27].
Mon frère, auteur de ce texte, je vois que vous avez une grande détermination, un visage brillant et des joues inflammées, que vous faites preuve d’une rhétorique retentissante qui appelle le cœur à se calmer et l’esprit à se soulager, comme si vous savouriez déjà la joie de la victoire et, pour le peuple, de la sûreté et de la sécurité dans tous les aspects de sa vie, comme si vous auriez libéré les détenus, fermé les portes devant l’ennemi et levé l’injustice qui pèse sur al-Aqṣā. Cependant la réalité est bien différente. Tout votre peuple est devenu malade, que ça soit dans son âme ou dans ses membres. Les corps sont défigurés, les esprits sont perturbés, les cœurs sont tristes ou les naturels criminels, le commerce injuste. Les gens sont revenus aux moyens de subsistance des affligés, ils font leurs profits sur les maisons des déplacés, ils sont intoxiqués par les calmants et les drogues, ils n’en peuvent plus des gens qui affichent leur religiosité, ils ont fait apostasie de la religion. Ajoutons à tous cela le nombre effrayant de martyrs et des amputés et un grand nombre des veuves affligées et d’orphelins. C’est une tragédie d’une telle ampleur que, même si la guerre se terminait ce soir, ses tourments demeureraient pour des dizaines d’années.
Ô mon frère, j’aurais souhaité que notre jihād aille dans le sens de la réalisation d’une compréhension et d’un comportement angéliques dans notre réalité, de la convergence de notre parole, du renforcement de notre fraternité, du rejet de la division, du renforcement de notre lien avec Dieu, et de l’affranchissement de notre tribune de la prédication du sectarisme du débat politique, afin de réaliser l’équilibre ‘ilmī [« religieusement scientifique »] et shar‘ī [« religieusement légal »] qui dérive des textes de la Révélation, tels qu’ils ont été compris par les imāms qui nous ont précédé. Et ce, afin d’exploiter les talents des gens pour leur succès dans les divers aspects de leur vie dans une société emprisonnée de tout côté, et qui reçoit de son ennemi tous ses éléments vitaux sauf l’air, pour renforcer la coopération entre nous et nos pays arabes, et donner une chance à un gouvernement paternel qui n’appartienne en rien à quelque parti que ce soit et qui soit supporté par tous les gens ; en effet, ceci est l’arme la plus efficace pour accélérer le moment du soulagement et repousser tout embarras. Et si un des nôtres devient walī de Dieu, même si les conditions de force ne nous permettent de repousser les menaces de l’ennemi, Dieu Tout-Puissant nous suffit. Il est le meilleur garant et le plus fort soutien, Lui qui a dit dans le hadīth qudsī : « Celui qui est hostile à un de mes walīs, Je lui déclare la guerre »[28].
En conclusion, je ne m’attendais pas à ce qu’un homme politique mène une diffamation générale contre quiconque exprime sa douleur à cause de l’énormité de la blessure [qui nous a touché], en accusant les gens de trahison, d’hypocrisie, de lâcheté et de faiblesse juste pour avoir dit : ‘Nous aurions aimé rester comme c’était le cas avant cette guerre’. C’est là l’exutoire de la majorité des gens qui ont perdu leurs maisons et leurs bien-aimés et qui ont vécu toutes les formes de malheurs. Je pense que les médecins, les ingénieurs, les spécialistes du droit, les notables, les cheikhs et les vieux, les veuves et les orphelins, tous ne disent que cela et n’ont d’autre souhait dans leurs cœurs.
Je demande à Dieu Tout-Puissant de nous ramener à la bonne voie, et de rapprocher du moment du soulagement. Amen.
Rédigé par l’ancien doyen de la faculté de sharī‘a et de loi à l’Université Islamique de Gaza
Salmān Bin Naṣr al-Dāya
Professeur du Fiqh et de ses fondements à l’Université islamique
Source : La page officielle du Docteur Salmān Bin Naṣr al-Dāya sur Facebook
https://www.facebook.com/SalmanDaya
Cette traduction annotée a été réalisée par Amin Elias et Martino Diez dans le cadre du projet d’intérêt national italien NIJAR (Negotiating with Islamist and Jihadi Armed Groups), financé par l’Union Européenne à travers le Plan National de Relance et de Résilience (PNNR). Programme NextGenerationEu, Mission 4, Composant 2, CUP J53D23018830001
[1] Pour les citations coraniques nous avons utilisé la traduction de Denise Masson.
[2] En arabe Ṭūfān al-Aqṣā : c’est le nom donné par Hamas à l’opération terroristique du 7 octobre.
[3] Il s’agit de Usāma Ḥamdān, membre du bureau politique du mouvement Hamas et responsable des relations internationales.
[4] En arabe ḥarbī, un non-musulman auquel aucun pacte n’a été octroyé et qui peut par conséquence être combattu.
[5] Le terme désigne un musulman en état de rébellion contre l’autorité légitime, alors que celui qui répand la corruption est un brigand. L’auteur suit une gradation implicite, qui commence par le non-musulman hostile et se termine par l’oppresseur.
[6] Comme forme de prudence, il faudrait donc surestimer la durée de la guerre.
[7] Il s’agit d’un mécanisme prévu par les accords d’Oslo, par lequel le gouvernement israélien serait tenu de transférer à l’Autorité Palestinienne les droits de douane vers les territoires palestiniens.
[8] Le 7 octobre 2023.
[9] Al-Bukhārī, Ṣaḥīḥ 2766; Muslim, Ṣaḥīḥ 89.
[10] ‘Abdallāh Ibn ‘Abbās, cousin de Muhammad à travers son oncle paternel al-‘Abbās, est considéré comme une des plus grandes autorités en fait d’interprétation du Coran. Il est mort en 687.
[11] Sunan Saʿīd ibn Manṣūr, Bidāyat al-tafsīr, 1001.
[12] Muḥammad Amīn Ibn ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azīz ‘Ābdīn (1784-1836), juriste de Damas, fut connu comme l’imam des hanafites de son époque.
[13] Ibn ʿĀbidīn, Ḥāshiyat radd al-muḥtār, 3, 337.
[14] Abū Muḥammad ‘Izz al-Dīn ‘Abd al-‘Azīz Ibn ‘Abd al-Salām Ibn Abī Qāsim Ibn Ḥasan al-Shāfi‘ī (1181-1262) fut un des plus éminents juristes de l’époque ayyoubide. Il atteignit le degré de mujtahid (« interprète indépendant ») ; il combattit l’invasion mongole et se rallia au sultan mamluk Baybars.
[15] Al-ʿIzz ibn ʿAbd al-Salām, Qawāʿid al-aḥkām fī maṣāliḥ al-anām, 1, 111.
[16] Ibidem.
[17] Abū al-Qāsim al-Rāfi‘ī al-Qazwīnī (1160-1226) est l’auteur d’un célèbre commentaire d’al-Shāfiʿī, intitulé Sharḥ Musnad al-Shāfiʿī.
[18] Ibidem.
[19] Abū Isḥāq al-Shirāzī, était le chef des shāfiʿites de son époque. Il est né à Firouzabad en Perse en 1003 et est décédé à Bagdad en 1083.
[20] Al-Shīrāzī, al-Muhadhdhab, 5, 248-249.
[21] Al-Khaṭīb al-Shirbīnī, du village de Shirbīn dans la région de Daqahliyya en Égypte, étudia à al-Azhar et se spécialisa dans le fiqh shāfiʿite. Il mourut au Caire en 1570.
[22] Al-Shirbīnī, Mughnī al-muḥtāj, 4, 226.
[23] Muḥammad Ibn Aḥmad Ibn Juzayy (1294-1340) est un juriste malékite de Granada, mufti et prêcheur. Il décéda dans la bataille de Tarifa ou du Río Salado. Un de ses fils mit par écrit les mémoires de voyage de Ibn Baṭṭūṭa.
[24] Abū l-Ma‘ālī al-Juwaynī, né au Khurasan en 1028, devenu le plus éminent juriste de son époque, reçut le titre de « imam des deux lieux sacrés ». Maître de al-Ghazālī, il mourut en 1085.
[25] Ibn Juzayy, al-Qawānīn al-fiqhiyya, 1, 165.
[26] Muḥammad Ibn ‘Alī Ibn Muḥammad Ibn ‘Abdallāh al-Shawkānī (1759-1834) fut le plus important savant yéménite de son temps. Il revivifia l’héritage d’Ibn Taymiyya, en anticipant plusieurs motifs du salafisme contemporain (critique de l’imitation scolastique, opposition à la théologie dialectique, méfiance envers les sufis).
[27] Al-Shawkānī, al-Sayl al-jarrār, 4, 529.
[28] Al-Bukhārī, Ṣaḥīḥ 2766. Ici le shaykh change de plan. Le terme walī désigne l’homme proche de Dieu, le saint, et wilāya peut être traduite par sainteté. Le célèbre ḥadīth qudsī (= où Dieu parle à la première personne) cité ici enseigne que lorsque l’homme s’approche de Dieu, il se place sous sa protection. Si le contexte politique n’admet pas d’espoir, reste la dimension de la « sainteté » personnelle, confiée à la providence de Dieu.