Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:33:45
Les chrétiens en Iran sont une petite minorité.
La Religion d’État, comme on peut le lire dans l’art. 12 de la Constitution de la République isla-mique, est l’Islam chiite duodécimain. Toujours sur la base du même article, les autres dénominations musulmanes – Hanafite, Chaféite, Malikite, Hanbalite et Zaydite – jouissent d’une liberté totale dans la pratique de leur croyance religieuse.
De plus, l’art. 13 de la Constitution déclare que les
« iraniens zoroastriens, juifs et chrétiens sont les seules minorités religieuses reconnues qui sont libres d’accomplir leurs rites religieux dans les limites des lois islamiques ».
La reconnaissance officielle prévue par la Constitution permet donc aux minorités de célébrer leurs rites, d’enseigner leur langue et leur culture dans leurs écoles, d’avoir et d’appliquer leurs statuts personnels dans des domaines comme le mariage, le divorce et la succession.
Elles ont aussi leurs
représentants officiels à l’Assemblée du Conseil islamique (Parlement), actuel-lement composée de 290 membres. Les représentants des minorités sont donc cinq : un respective-ment pour les Zoroastriens, les Juifs et les Chrétiens Assyro-chaldéens, et deux pour les Arméniens : un pour ceux du Nord et l’autre pour ceux du Sud de l’Iran.
Malgré cette reconnaissance qui doit être interprétée à l’intérieur du cadre et des limites de la loi islamique,
les chrétiens et les autres minorités continuent d’être discriminés, par exemple dans l’accès à des emplois publics, à la carrière militaire, à la magistrature et au service diplomatique.
Les mariages mixtes ne sont pas permis si la partie chrétienne ne se convertit pas à l’Islam et les en-fants de mariages mixtes, même s’ils sont baptisés à la naissance, sont toujours considérés comme musulmans. On ne trouve pas facilement des bibles en persan (la Société Biblique iranienne fut fermée en 1990) et l’enseignement des différentes religions de chaque minorité dans les écoles doit utiliser les manuels préparés par le Ministère de l’Éducation.
Les chrétiens locaux sont donc considérés comme des citoyens de seconde catégorie dans leur pays. et ils se sentent ainsi. À ce propos, cela vaut la peine de rappeler l’art. 19 de la Constitution : «
Le peuple d’Iran, quelle que soit son origine ethnique ou tribale, jouit de droits égaux : la couleur de la peau, la race, la langue ou d’autres éléments ne constituent pas une raison de privilège ni de discri-mination ».
Le mot « religion » manque dans l’article cité et il ne s’agit pas d’une omission fortuite, parce qu’on en déduit que ceux qui ne sont pas les fidèles du Chiisme « ne jouissent pas des mêmes droits ».
Pour confirmer cela, l’art. 20 stipule : « Dans le respect des normes islamiques, tous les individus citoyens de la nation, aussi bien hommes que femmes, sont égaux face à la protection de la loi et jouissent de tous les droits humains, politiques, économiques, sociaux et culturels ». Ces « normes islamiques » sont appliquées par exemple dans les cas de succession.
Il faut souligner aussi que, à l’exception de plusieurs cas de convertis et des membres d’autres mi-norités religieuses (zoroastriens et juifs),
il y a un lien très étroit entre la religion et l’ethnie : quelqu’un est généralement chrétien parce qu’il est arménien ou assyrien ou chaldéen etc. Les autres sont automatiquement considérés comme musulmans. Les convertis de l’Islam sont appelés, dans le milieu chrétien, « chrétiens-nés musulmans ».
Pour l’Islam, ces personnes sont des apostats et leur crime est considéré comme une offense capitale. En septembre 2008, le parlement iranien a approuvé un nouveau code pénal qui prévoit la peine de mort pour les apostats et pour ceux qui quittent l’Islam.
La proposition n’a pas encore été ratifiée par le Conseil des Gardiens, mais elle montre l’attitude du régime envers l’apostasie et les conversions, et elle donne une preuve supplémentaire que la liberté de culte règne en Iran, mais pas de liberté religieuse.
Ces dernières années, les pressions ont augmenté envers les églises et les leaders religieux. Plusieurs églises protestantes ont été fermées à Téhéran et dans les provinces, et pratiquement tous les chefs religieux sont empêchés de célébrer en persan.
Quelques chiffres
La présence des chrétiens depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui s’est réduite de manière significative.
Au début de la Révolution, on comptait environ 300 000 chrétiens sur une population de 42 millions d’habitants. Actuellement, ils sont moins de 100 000 (peut-être seulement 80 000) sur une popula-tion totale de 78 millions.
La majorité des chrétiens est constituée par l’Église Apostolique Arménienne (65 000-70 000). En-suite vient l’Église Assyrienne d’Orient (6000), puis l’Église Russe et Greco-orthodoxe, qui comp-tent très peu de fidèles. Les protestants sont surtout membres de l’Église Épiscopale, Évangélique et des Assemblées de Dieu.
De nombreux pasteurs de ces églises ont quitté le pays et ont fondé des communautés qui parlent le persan à l’étranger, en Europe, aux USA et au Canada. Ce sont des communautés très actives sur in-ternet et sur les télévisions satellitaires, qui transmettent en persan et sont très suivies aussi en Iran.
Les chrétiens catholiques sont divisés en trois rites : assyro-chaldéen, arménien et latin, et cinq dio-cèses (trois de rites assyro-chaldéen à Téhéran, Urmia-Salmas et Ahwaz, un de rite arménien et un de rite latin).
La population catholique est très réduite. Les deux évêques assyro-chaldéens soutiennent que leurs communautés respectives comptent entre 1500 et 2000 fidèles, tandis que les latins, en comptant aussi les étrangers qui travaillent temporairement en Iran, sont environ 2000. Les catholiques des trois rites et des cinq diocèses ne dépassent pas 7000 membres, c’est-à-dire environ 10 % de la communauté chrétienne (orthodoxes, catholiques et protestants) et 0.01 de la population totale de l’Iran.
L’Église catholique compte maintenant trois évêques, un administrateur apostolique, 12 prêtres, 14 sœurs, deux laïcs consacrés.
Il y a sept églises à Téhéran (une arménienne, deux assyro-chaldéennes, quatre latines). Une église assyro-chaldéenne se trouve à Urmia et une autre à Hamedan, une latine à Ispahan et une autre à Tabriz. Des églises des diocèses assyro-chaldéens ont été ouvertes dans plusieurs villes, comme Ahwaz, Qazvin, Kermanshah et d’autres villages qui entourent Salmas, mais sans prêtres ni religieux résidents, le clergé étant de passage occasionnel.
Après la Révolution Islamique de l’été 1981, presque deux tiers des prêtres et des sœurs étrangers présents dans le pays furent obligés de le quitter. Mais la faiblesse qui en découla dans les années suivantes favorisa de nouvelles vocations. Ces vingt dernières années ont germé les vocations de six Filles de la Charité, trois sœurs missionnaires de l’Esprit-Saint, quatre nouveaux prêtres de l’Église Assyro-chaldéenne, un prêtre Lazzariste de rite assyro-chaldéen, un prêtre salésien de rite arménien et une femme consacrée.
Un phénomène qui continue à affaiblir profondément la réalité chrétienne en Iran est celui de la « fièvre » migratoire, qui pousse de nombreuses familles à quitter le pays à la recherche d’un futur, surtout dans des pays chrétiens. On dénombre en particulier trois phases migratoires : la première durant la guerre entre l’Iran et l’Irak, lorsque de nombreux jeunes abandonnèrent le pays pour ne pas devoir aller au front ; la deuxième remonte à la moitié des années 90 et la troisième a commencé en 2005.