Auteur: Alexander Men
Titre: Der Menschensohn (Le Fils del'Homme)
Editeur: Herder,Freiburg i. Br. 2006, 459 p.

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:50:40

Bien qu'il ait été écrit il y a presque un demi-siècle, il est encore très utile de rappeler aux lecteurs Le fils de l'homme, le plus important et plus célèbre travail de l'Archiprêtre orthodoxe russe Asksandr V. Men. Cette œuvre a été traduite au cours de ces dernières années dans de nombreuses langues occidentales et elle a été publiée dernièrement en allemand. Bien que les parents de Men' fussent juifs, la mère fit baptiser son fils (et elle-même) quand il avait sept mois. Encore enfant, Men' décida de devenir prêtre. Comme les autorités soviétiques ne lui permirent pas d'entreprendre des études de théologie, il étudia officiellement la biologie dans un «Institut pour fourrures», alors qu'il se dédiait en privé à l'étude de la théologie et de la philosophie de la religion. En 1960 il fut ordonné prêtre et devint bientôt pasteur d'une paroisse près de Moscou. Comme il connaissait la théologie chrétienne beaucoup mieux que la plupart des prêtres orthodoxes et qu'il avait une mentalité œcuménique inusuelle pour l'époque, il devint un pasteur important pour les intellectuels et fonda en outre une université théologique qui existe encore aujourd'hui. Sous son influence un nombre considérable d'intellectuels juifs (le plus souvent scolarisés) devint chrétien. Le 9 septembre 1990, alors qu'il se rendait à pied dans une église où on l'attendait pour la célébration de la messe, il fut brutalement assassiné. On n'a jamais su par qui et pourquoi. Bien que les autorités russes fussent, et en partie le sont encore aujourd'hui, préoccupées par sa façon de penser occidentale, il est aujourd'hui vénéré comme un saint par beaucoup de russes chrétiens. Son livre sur Jésus-Christ est insolite sous différents aspects. En premier lieu, même si Men', qui parlait plusieurs langues européennes avait une certaine familiarité avec l'exégèse moderne, il ne l'utilise jamais pour mettre en discussion l'interprétation traditionnelle de l'Evangile. Il montre en plusieurs points combien cette critique est peu convaincante. En second lieu il lit attentivement l'Evangile, comme l'aurait fait un lecteur du premier siècle après J.C. et il l'intègre par des informations historiques sur la période. En troisième lieu il écrit son livre pour des lecteurs auxquels on a enseigné à l'école que peut-être le Christ n'a jamais existé ou bien, au maximum, que les histoires racontées dans les quatre Evangiles ne sont que des légendes ; après tout c'était ce que soutenait le marxisme-léninisme selon les enseignements de Bruno Bauer et Friedrich Engels. En quatrième lieu, comme les traditions hébraïques lui étaient familières, il réfléchit constamment sur la façon dont les contemporains de Jésus-Christ comprenaient ce qu'Il faisait et ce qu'Il disait. C'est surtout la lecture de l'Evangile sur ce fond hébraïque, qui était celle de Jésus lui-même, qui offreit de nombreuses perspectives fascinantes et inédites. D'une part ce livre rappelle, par certains aspects, l'œuvre de Romano Guardini Il Signore (que Men connaissait), d'autre part l'écrivain en tant qu'historien, montre de façon convaincante qu'une seule interprétation est plausible : que l'homme Jésus non seulement était le Messie tant attendu par le peuple juif, mais l'incarnation du Logos divin, c'est-à-dire Dieu lui-même.