Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:43:24

Certains l’ont définitivement nommée “christianophobie”, d’autres y ont reconnu la traduction concrète du cri “tuez-les tous”, d’autres encore s’étonnent du fait que les pays à majorité musulmane d’Extrême-Orient se montrent être carrément plus extrémistes et violents que certains pays du Moyen-Orient. Ce qui est certain, c’est que les attaques tragiques en Irak durant la période catholique de Noël, le massacre des coptes en Égypte à l’occasion de la fête orthodoxe de Noël et la trop longue série d’églises attaquées en Malaisie au moment de l’Épiphanie n’ont pas laissé la presse internationale indifférente. Voici seulement quelques-uns des nombreux passages significatifs apparus ces derniers jours. Le quotidien arabe Asharqalawsat (dont le site internet est également en anglais) ne s’est pas limité à faire la chronique des évènements malais en reprenant la dépêche de l’agence internationale Reuters (www.aawsat.com/english). Cette dernière donne la parole aux chrétiens menacés : « Il y a des extrémistes dans le pays et le gouvernement semble incapable de faire quelque chose » dit Wilson Matayun, un vendeur qui assista à la messe à la St Anthony’s Church à Kuala Lumpur ; « Je perds ma confiance dans le gouvernement ». Mais à propos des faits égyptiens, il a cédé la place à Hussein Shobokshi, célèbre éditorialiste du journal, pour une condamnation radicale dans un article intitulé “Tuez-les tous”. L’auteur y écrit : « Une punition collective est une punition qui vise à cibler des victimes innocentes ; c’est quelque chose qui ne peut pas être accepté par la religion, la morale, la logique ou par n’importe qui ayant une conscience ». Le New York Times, qui consacra à différentes reprises de l’espace dans ses colonnes aux attaques et aux attentats contre les chrétiens, a écarté l’alibi religieux à propos de la Malaisie et attribue les causes des violences à des évènements politico-stratégico-électoraux : « La religion est devenue un outil beaucoup plus utile pour les partis qui se basent habituellement sur les divisions ethniques ». M. Ooi écrit : « Ils trouvent cela difficile de parler de questions raciales mais possible de parler de problèmes religieux. Nous voyons le résultat de l’opportunisme politique qui a sévi durant les deux dernières décennies ». La frontière entre la race et la religion est floue dans un pays où la Constitution confond l’identité musulmane et malaisienne dit Jacqueline Ann Surin, éditorialiste à The Nut Graph, un site d’analyse de l’information malais. « Le cas de la Malaisie est unique du fait que nous avons des politiques basées sur la race et que durant la dernière décennie, nous avons assisté à une escalade de cette notion de la supériorité des Malais autochtones ». « Cela fut mis en évidence par les tentatives répétées du leadership de l’U.M.N.O. de promouvoir la notion de “ketuanan Melayu”, c’est-à-dire la suprématie ou domination des Malais ». Le United Malays National Organization est le parti au pouvoir. Et le New York Times toujours, dans un article intitulé Allah - the Word (atwar.blogs.nytimes.com) (d’Anthony Shadid, éditorialiste établi à Bagdad), fait preuve d’une certaine surprise en révélant que la guerre violente qui s’est ouverte sur le terrain de la langue provienne d’un pays comme la Malaisie et non pas d’un pays du Moyen-Orient, dont la rigueur dans le respect des pratiques musulmanes est universellement reconnue. C’est-à-dire l’exigence que la parole Allah soit l’apanage exclusif des musulmans, qu’elle soit une exclusivité qui doit être défendue par les armes : « Personne ne pourrait considérer le Moyen-Orient comme un modèle de tolérance. Dans cette région, en effet, la tolérance ne correspond jamais à la diversité présente dans cette région, comme le démontre l’affaiblissement des communautés juives et chrétiennes, d’antique tradition, et la lutte entre les sectes qui couve et parfois explose en Égypte et au Liban. Une lutte se joue dans une grande partie du Moyen-Orient pour tout revendiquer, de l’histoire au pouvoir. Fondamentalement, cette lutte tourne autour de l’axe de l’identité, aujourd’hui plus que jamais définie comme identité religieuse. Mais au Moyen-Orient, l’arabe parlé, qui dérive de la langue millénaire dans laquelle les musulmans croient que Dieu a parlé à Mahomet, n’est pas encore devenu un champ de bataille. Inshallah, si Dieu voudra, comme tout le monde dit, en utilisant le futur, à propos de tout, d'un rendez-vous fixé au jour suivant jusqu'au lever du soleil à l'orient. La même chose vaut pour In Allah rad, si Dieu veut. La parole Allah pénètre virtuellement chaque salut, souhait et condoléance qui s’expriment aux départs et aux arrivées, aux naissances, aux décès, une distillation vieille de plusieurs siècles de réciprocité de rapports sociaux qui garantit que presque aucun moment ne nous trouve impréparés. Kater khair Allah, dirait un chrétien dans la ville de Hikmat à son voisin musulman». Mais l’expression la plus drastique fut utilisée par le Wall Street Journal qui a parlé expressément de « christianophobie islamique » (online.wsj.com/article) et a dénoncé l’ignorance qui règne partout concernant les persécutions des chrétiens dans le monde musulman : « En Égypte, sept coptes chrétiens furent assassinés hier par un musulman armé d’un pistolet alors qu’ils sortaient de la messe de minuit dans la ville méridionale de Nag Hamadi. Au Pakistan, plus de 100 maisons de chrétiens furent saccagées par une foule de musulmans dans le village de Bahmaniwala. En Irak, durant le même mois, des bombes ont visé sept églises chrétiennes à Bagdad et à Mossoul en l’espace de trois jours. De telles atrocités - et d’autres exemples sont légion - sont de sinistres souvenirs que lorsque on en vient à parler de persécutions, peu de groupes ont souffert aussi péniblement que les chrétiens dans les pays musulmans. Et ils sont encore moins à avoir reçu si peu d’attention ». Il ne faut donc pas s’étonner selon le WSJ s’ils fuient ces pays, leur mère-patrie, et émigrent en Europe ou aux États-Unis : « Il pourrait sembler naturel qu’au moins en Occident on prenne conscience des souffrances de ces chrétiens. Au lieu de cela, l’attention semble sans cesse focalisée sur l’islamophobie, et cela également de la part de celui qui porte mal son nom, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. En novembre, le référendum suisse qui interdisait la construction des minarets (mais pas des mosquées) provoqua une réaction hystérique dans une grande partie de l’Europe. Cependant, la tolérance de l’Occident envers sa nombreuse population musulmane est largement en contraste avec la bigoterie du monde musulman et la persécution de ses minorités religieuses. C’est un fait à considérer la prochaine fois que les Occidentaux regretteront leur propre "intolérance" ».