Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:41:15
Des représentants de différentes religions et un groupe de non-croyants, invités par Benoît XVI, se sont rencontrés le 27 octobre dernier à Assise pour célébrer une journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix dans le monde.
Les “Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix” sont partis tous ensemble en train de la gare Saint Pierre de Rome pour rejoindre la Basilique Sainte-Marie-des-Anges d’Assise où ils ont pris place devant la Portioncule, la petite église qui est désormais devenue le symbole universel de la spiritualité de François et de son rêve d’une paix universelle.
« Il y a vingt-cinq ans, ici, à Assise, le pape Jean-Paul II nous fit commencer le pèlerinage d’aujourd’hui. Il est temps de réfléchir sur les progrès accomplis depuis. Pourquoi ne sommes-nous pas plus proches de ce que nous voulions être ? Est-ce que nous ne passons pas à côté de la partie intérieure du pèlerinage ? »: par ces questions Acharya Shri Shrivatsa Goswami, le représentant de l’hindouisme, a stimulé un sérieux examen de conscience du cheminement entrepris jusqu’à présent.
Le monde de nos jours, évidemment n’est plus le même qu’il y a 25 ans. Beaucoup de choses ont changé aussi à propos du thème concret de la paix.
Après l’intervention de plusieurs chefs religieux et de madame Julia Kristeva, représentante du monde laïque et non croyant,
Benoît XVI a pris la parole pour demander : “Que s’est-il passé depuis ? Où en est aujourd’hui la cause de la paix ?”
“Alors – explique le Saint Père – la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé – sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser.”
La chute du Mur n’a pas entraîné comme conséquence naturelle une ère de paix ; celle-ci est menacée aussi par l’absence de Dieu ou par une religion conçue et vécue de manière erronée. En quelque sorte l’Église aussi s’est trompée. Le Pape le reconnaît avec beaucoup d’humilité en affirmant : “Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille.”
Dire non à Dieu “d’une cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu”. Les autres chefs religieux qui ont pris la parole l’ont également reconnu à leur manière.
Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du Conseil oecuménique des Églises, a parlé à plusieurs reprises de l’apport que les jeunes peuvent fournir au processus de paix. Ce sont eux, a-t-il dit, les “porteurs de changement”. Raison pour laquelle “nous avons besoin de la vision et du courage des jeunes pour les changements nécessaires”. En effet, tous nous pouvons nous rendre compte de “la manière dont les jeunes guident aujourd’hui les processus de démocratisation et de paix dans de nombreux pays”. Cela se produit de telle sorte “aussi lorsqu’ils deviennent victimes de la violence et de la terreur, comme cela s’est produit dans mon pays, la Norvège, cette année” a souligné le pasteur Fykse Tveit.
La rencontre de Sainte-Marie-des-Anges terminée, les participants se sont transférés à la Basilique de Saint François dans la ville d’Assise pour la seconde partie de la rencontre avec toutes les personnes qui ont désiré y participer de manière spontanée et qui ont rempli les places des alentours de leurs chants et de leurs rythmes contagieux. Le moment le plus solennel fut lorsque, un à un et dans leur langue, les leaders religieux et un des représentants des non-croyants ont proclamé leur engagement pour la paix et la justice, une réponse concrète au cheminement parcouru avant d’arriver à Assise et à l’avertissement de Julia Kristeva qui dans son intervention avait dit : “Pour la première fois, Homo Sapiens est capable de détruire la terre et soi-même au nom de ses croyances, religions ou idéologies, mais aussi au nom de la science et de la technique ”.
L’Osservatore Romano a décrit ainsi un des moments les plus beaux de la conclusion de la rencontre : dix, cent, mille, petites flammes allumées pour illuminer le crépuscule d’une journée mémorable. C’étaient les flammes des lampes passées à Assise des mains des jeunes à celles des leaders religieux du monde entier ; celles des lumignons confiés aux cardinaux et aux évêques catholiques, aux anglicans, orthodoxes, musulmans, juifs, bouddhistes, shintoïstes, hindous et des centaines de fidèles d’autres dénominations, tandis que dans la fin de l’après-midi, au pied de la tombe de François, le saint de la fraternité universelle, tous renouvelaient l’engagement à travailler au grand chantier de la paix.
Ce que j’ai moi-même vu et vécu me convainc de la véridicité des paroles de Julia Kristeva : “La rencontre de nos diversités ici, à Assise, témoigne que l’hypothèse de la destruction n’est pas la seule possible”.
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