Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:49:09

Auteur: Margaret S. Archer Titre: Essere umani. Il problema dell’agire Editeur: Marietti, Genoa-Milan, 2007, pp. 356 Margaret S. Archer enseigne la sociologie à l’Université de Warwick (UK). De 1986 à 1990, elle fut présidente de l’Association internationale de sociologie et membre de l’Académie pontificale des sciences sociales. Le livre Being Human. The Problem of Agency , publié par la Cambridge University Press en 2002, propose les éléments fondateurs d’une anthropologie sociale. Cette étude avec Realist Social Theory. The Morpho­genetic Approach de 1995, a contribué à faire d’Archer le porte-parole le plus représentatif sur la scène internationale du réalisme critique dans les sciences sociales. En s’appuyant sur la nécessité de résister à l’appauvrissement de l’humain en cours dans les sociétés occidentales contemporaines où le relativisme culturel et l’idéologie post-moderne semblent mettre en discussion toutes données objectives. Dans l’ouvrage, un des plus importants publiés durant la dernière décennie dans le domaine des sciences sociales, sont passés en examen de façon analytique les procédés à travers lesquels émergent l’autoconscience, l’identité personnelle et l’identité sociale. L’argumentation de Archer se base sur un point de vue original qui entend réfuter tant un modèle d’acteur social hypersocialisé (sociologisme) qu’une hyposocialisation (économisme), ainsi que les points de vue qui rendent tout ce que nous sommes un produit de la société autant que ceux qui affirment que tout ce qui constitue la société peut être déduit seulement de ce que nous sommes comme individus. Pour Archer, le sens du soi, cette part de notre humanité, précède la socialité et est original par rapport à elle ; l’autoconscience a un fondement pratique et non linguistique. Les pratiques incarnées par les hommes dans le monde, définies comme « la source non verbale de la raison », ont une priorité tant logique que substantielle, par rapport aux relations sociales, dans l’émergence d’un sens permanent de soi et dans le développement des propriétés personnelles (qui existent déjà en puissance dans le nouveau-né). Avec ces considérations, Archer préoccupée par toutes les formes de constructivisme social qui tendent à rendre l’homme vain, entend préserver ce « plus » qu’a la personne humaine, son irréductibilité par rapport au contexte social où elle vit. En recherchant ce qui constitue le proprium de l’être humain, Archer individualise une série de prévenances en référence à l’ordre naturel, à l’ordre pratique et à l’ordre social qui sont résumées dans les ultimate concerns, « intérêts ultimes ». Reprenant les thèses du philosophe Harry G. Frankfurt (mais on pourrait dire aussi d’après saint Augustin), Archer soutient que « nous sommes ce que nous prenons le plus à cœur ». Cela signifie que notre moi se génère en poursuivant ce qui nous est à cœur de façon ultime. Les « intérêts ultimes » ne naissent pas de façon solipsiste, ni ne peuvent être introduits dans la personne de l’extérieur (il s’agirait alors d’aliénation). Par contre, ils surgissent en relation au comment la personne définit ses propres choix répondant d’un côté aux demandes de la société et poursuivant, de l’autre, les exigences plus profondes du moi. L’identité de la personne naît du dialogue qu’elle est capable d’entretenir avec elle-même et avec les identités qui lui sont attribuées par les institutions (famille, société, Etat, communautés religieuses). Ce dialogue, qu’Archer nomme « conversation intérieure » (elle a développé cet aspect dans Structure, Agency and the Internal Conversation de 2003), constitue le fondement de la réflexivité et de la transcendance de la personne. Le livre constitue un point de repère incontournable parce qu’il pose le fondement (anthropologique et ontologique) du dialogue entre personne et culture et qu’il rappelle la signification et la responsabilité de l’être humain. La contribution de Being Human est donc très importante pour celui qui n’accepte pas que le dialogue soit considéré, d’une part un luxe qu’on ne peut se permettre et de l’autre un simple bavardage ou un cheval de Troie pour des desseins idéologiques de différentes teintes.