Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:50:16

Dans mon monde culturel arabe je ne parviens pas à traduire le mot « métissage ». Je ne trouve pas les mots. Le concept je le saisis, mais les mots n’arrivent pas à le contenir, hormis avec une valence négative : « tahjin » (hybride) ou bien « khalt » (mélange). L’idée qu’exprime le mot « métissage » français pourrait être imaginée de la façon suivante : le lieu où deux identités donnent vie à une troisième. Et c’est ici que le risque se cache : que les deux identités en s’unissant perdent une partie d’elle-même. Mais pour moi le dialogue interculturel et interreligieux ne doit pas permettre qu’on perde une seule partie de sa propre identité et de sa foi. Cette prospective change totalement si l’on observe le thème du métissage en Occident, où il y a peu de musulmans dans une mer de chrétiens, ou dans les pays à majorité musulmane. Moi, je crois que l’islam n’est pas intéressé à ce « métissage », spécialement dans le monde à majorité musulmane, par exemple en Jordanie, en Palestine, en Tunisie. L’islam est une religion et une culture sûre d’elle-même, sereine, qui ne ressent pas le besoin d’être enrichie par d’autres tributs. C’est pour cette raison paradoxalement sans doute, que la clé de voûte pourrait provenir de l’Europe où l’islam pour la première fois, stimulé par une comparaison continue avec une majorité non islamique, doit forcément se forger, se créer un monde multiple, ouvert et interculturel. En Europe, en contact avec une société variée, l’islam peut se libérer de beaucoup de lest qui l’alourdit. Ici, en Europe laïque, on devrait se poser une question également sur le thème de la formation des imams et de leur sélection. Parce que le fait que les imams proviennent d’Orient, des écoles intégralistes du Pakistan, de l’Algérie ou de l’Indonésie, ne peut pas nous cueillir distraits ou désintéressés.