L'Institut Mohammed VI vise non seulement à contrer les lectures extrémistes de l'Islam, mais se présente également comme un instrument stratégique de la politique étrangère marocaine

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Dernière mise à jour: 22/04/2022 10:01:55

En 2005, le royaume maghrébin a lancé un programme pour la préparation de guides religieux, qui a ensuite évolué pour devenir l’Institut Mohammed VI de formation des Imams, des Morchidines et des Morchidates, actif depuis 2015. Son objectif principal est de contrer les lectures extrémistes de l’Islam mais, avec le temps, il est aussi devenu un instrument stratégique de la politique étrangère du pays, qui cherche à se présenter comme un pôle spirituel d’avant-garde.

 

Pour traiter la question de la formation religieuse dans le contexte marocain, il convient avant tout de distinguer entre la formation religieuse (al-takwîn al-dînî) et l’enseignement religieux (al-ta‘lîm al-dînî), qui a un encadrement et une spécificité propres. L’enseignement religieux occupe en effet une longue période de temps et vise à offrir une connaissance théorique solide et approfondie dans les sciences islamiques. Les niveaux élémentaire et intermédiaire de ce type d’enseignement, dispensé dans les écoles coraniques et dans les madrasas traditionnelles, s’appuient sur la mémorisation du Coran et des textes religieux classiques, ainsi que sur l’enseignement des sciences de la charia et de leurs fondements. Les phases ultérieures de spécialisation et d’approfondissement ont lieu dans les instituts d’études supérieures, dans les départements d’études islamiques et dans les facultés de charia des universités[i].

 

La formation religieuse, en revanche, se déroule dans une période de temps brève qui ne dépasse pas un an ou deux ans au maximum. Elle est de nature interactive et elle est finalisée à l’acquisition de connaissances pratiques et au développement des compétences techniques et opérationnelles nécessaires pour diriger la prière, prononcer les sermons et exercer d’autres fonctions religieuses.

 

On peut dire que la formation religieuse constitue un pont entre l’enseignement académique dispensé dans les universités et la formation spécialisée et qu’elle a pour objectif d’offrir une préparation pratique à l’exercice de la fonction d’imam et de guide religieux. Si l’enseignement religieux supérieur vise à produire des oulémas et des experts en droit islamique, la formation religieuse a pour but de préparer des personnes qualifiées pour assumer des charges religieuses dans les mosquées, définies techniquement au Maroc comme des « préposés religieux ».

 

Cet article entend présenter les circonstances, les objectifs stratégiques et les enjeux qui ont inspiré la création d’un programme pour la formation des imams et des morchidates (les guides religieux femmes) au Maroc, contribuant à son évolution institutionnelle de 2005 à ce jour. En outre, à travers une lecture rapide des cursus et des manuels adoptés dans ce programme, il expose la conception officielle qui l’informe.

 

Le contexte et les objectifs

 

Pour comprendre les facteurs et les enjeux qui ont conduit à institutionnaliser le programme de formation des imams au Maroc, il convient de distinguer deux moments. Le premier est lié à la naissance, en 2005, d’un programme local de formation des imams et des morchidates. Dans un second temps, ce projet a évolué dans un cadre institutionnel plus large, qui trouve son expression dans l’Institut Mohammed VI de formation des Imams, des Morchidines et Morchidates (guides religieux hommes et femmes), devenu opérationnel en 2015.

 

La première phase s’insère dans le contexte de la stratégie « combinée et inclusive » de restructuration du domaine religieux, annoncée par le roi du Maroc le 30 avril 2004[ii]. Elle stipule comme troisième pilier la nécessité de garantir une « formation scientifique moderne » aux préposés religieux, en commençant par les imams. En effet, ceux-ci veillent avec les oulémas à ce que soit offerte aux citoyens un encadrement religieux adéquat, qui favorise une « compréhension correcte de la religion, la diffusion des valeurs de la oumma et leur préservation des impuretés »[iii]. Il s’agit d’un type de formation devenu nécessaire afin de remédier aux carences de la sphère religieuse, qui était privée de personnes qualifiées pour répondre de manière pleinement conforme à la nouvelle politique religieuse et pour en réaliser les objectifs, représentés fondamentalement par le renforcement de l’identité religieuse marocaine en tant que moyen pour contrer les infiltrations sectaires et les discours idéologiques extrémistes, considérés comme responsables directs des attentats terroristes qui ont secoué le Maroc le 16 mai 2003.

 

Cette approche « immunitaire » se fonde sur une vision préventive et englobante de la gestion de la sphère religieuse, qui assigne une fonction particulière au leadership religieux, dans lequel entrent aussi, outre les oulémas, les imams des mosquées. À travers leur contact quotidien direct avec les personnes pendant les moments de prière, le sermon du vendredi et à d’autres occasions, ils jouent en effet un rôle important dans l’encadrement religieux de la société et dans la satisfaction de ses besoins spirituels. Le ministre des Awqâf et des Affaires islamiques a clairement exposé cette vision à l’occasion d’une conférence internationale de leaders musulmans qui s’est tenue au Kazakhstan en juin 2015 :

 

Lorsque nous parlons de leadership religieux, nous pensons aux responsables des institutions religieuses, aux cheikhs des différents groupes et aux oulémas, c’est-à-dire à ceux qui agissent et qui décident au sommet. Les imams des mosquées, toutefois, sont présents dans tous les quartiers des villes et dans les villages et ils ont une influence directe sur la vie des personnes. Les leaders religieux devraient les prendre en compte s’ils veulent mobiliser les énergies inhérentes à la religion en faveur de la paix et de la diffusion des valeurs éthiques et remédier aux nombreux déséquilibres dont souffre le monde[iv].

 

Le premier problème auquel la stratégie de réforme du domaine religieux a dû faire face a donc été celui des milieux religieux et intellectuels non qualifiés ou porteurs d’une culture et de références non conformes aux grands choix politiques et religieux de l’État. Les imams présents au Maroc ont un niveau intellectuel extrêmement hétérogène. La pensée religieuse de certains d’entre eux demeure élémentaire et n’est pas à la hauteur des nombreux changements en cours dans le pays au niveau social, politique et culturel. Cela a nécessité une intervention urgente à l’égard de cette catégorie, afin de la former du point de vue cognitif et de lui faire prendre conscience des données et des problèmes de la réalité dans laquelle elle est immergée, au niveau national et international.

 

Compte tenu de ce besoin de renouvellement du personnel religieux, l’État a lancé en 2005 un programme pour la formation des imams marocains, qui avait pour objectif de « rajeunir » les ressources intellectuelles des mosquées, en sélectionnant des responsables religieux plus jeunes et en les dotant de capacités et de qualifications adaptées à notre époque. L’objectif à moyen et à long terme était de créer une réserve de ressources humaines, dépendant de l’État du point de vue financier, administratif et idéologique, qui pourraient contrebalancer le poids des milieux islamistes auxquels l’État est contraint de recourir pour pallier le manque de personnel dans le domaine religieux.

 

En outre, ce programme s’inspirait des expériences européennes – turque, française et britannique en particulier – qui, avec leur perspective sécuritaire, s’étaient affirmées dans le contexte de la guerre internationale contre le terrorisme, après le 11 septembre 2001. Ces pays ont produit une élite d’imams qui croient dans les valeurs citoyennes et dans la laïcité des États où ils résident, et qui peuvent contrer les discours religieux extrémistes qui les contredisent. C’est dans ce contexte turbulent qu’a émergé la dichotomie « bon imam » / « mauvais imam »[v] pour distinguer les imams qui représentent un élément de division et de diffusion de la pensée extrémiste au sein de la société de ceux qui incarnent l’équilibre entre les valeurs religieuses traditionnelles et les choix civils de l’État moderne[vi]. Les imams du second groupe se distinguent par leur vision éclairée et leur conscience du rôle qui est le leur de favoriser l’unité nationale et l’harmonisation des identités. Ils disposent, en outre, d’une capacité intellectuelle et d’orientation qui les rend capables de contrer les tendances extrémistes qui se diffusent dans les sociétés où ils résident. Dans une tentative de produire un imam exemplaire, doté de caractéristiques déterminées, différents pays européens ont lancé des institutions et des programmes de formation qui adoptent des visions pédagogiques et des méthodes modernes, fondées sur une conception radicale de la voie médiane (radical middle way)[vii].

 

Un modèle d’excellence

 

Le programme de formation des imams marocains représente aujourd’hui un modèle d’excellence pour les initiatives qui s’inspirent de cette approche. La vision officielle qui le sous-tend est simple : la mosquée, dans laquelle les gens se réunissent tous les jours pour accomplir le rituel religieux le plus important de l’Islam, à savoir la prière, est la « maison de Dieu », espace sacré qui doit symboliser l’unité de la oumma et de la parole, et non un lieu de conflits et de divisions. Elle doit par conséquent rester un lieu neutre, étranger aux débats idéologiques et politiques, qui sont par nature source de divisions et de conflits. L’imam est considéré comme le « premier responsable direct » de la mosquée. Il représente, en termes religieux comme en termes politiques, la figure fondamentale pour la protection de son inviolabilité et pour la sauvegarde de tout ce qui pourrait en perturber la mission élevée. L’imam remplit cette fonction sécuritaire et spirituelle par sa présence quotidienne, en assurant la direction des cinq prières, en donnant des cours sur la prédication et sur l’orientation religieuse et en prononçant le sermon hebdomadaire du vendredi. Mais il reste surtout une référence permanente pour les personnes, répondant à leurs questions sur les sujets relatifs à la religion et à la vie.

 

La mission de l’imam n’est donc pas une mission ordinaire mais une responsabilité délicate, qui touche à l’éducation de la société et aux valeurs spirituelles en lesquelles croient les individus. Cette fonction revêt une importance décisive au moment où l’État désire contrer l’influence de courants religieux externes. Alors que, dans certains pays arabes et même européens, beaucoup d’imams sont devenus un problème et une source d’embarras, dans l’expérience marocaine, l’imam s’est affirmé au contraire comme un élément positif et un instrument efficace de renforcement de l’autorité de l’État et de la prévention des manifestations de l’extrémisme :

 

En tant que représentant du Commandeur des croyants [amîr al-mu’minîn, le roi du Maroc, NdlR], dans la mosquée l’imam représente la oumma. C’est pour cela que l’éducation à l’intérieur de la mosquée doit être cohérente avec les choix doctrinaux et politiques de la oumma qui, à leur tour, expriment l’orientation du Commandeur des croyants. C’est pourquoi il n’est pas licite d’utiliser les mosquées pour contrer ces choix[viii].

 

À partir d’un examen complet de ce qu’a produit, pendant la dernière décennie, la littérature académique la plus importante sur la formation des imams au Maroc, on observe que cette expérience a été essentiellement abordée dans trois perspectives fonctionnelles.

 

La première, purement politique et sécuritaire, considère le programme de formation des imams comme un simple instrument à la disposition de l’État qui contrôle ainsi les acteurs impliqués dans le domaine religieux officiel à travers la production d’imams d’État « ouverts », sur lesquels s’appuyer pour s’opposer aux discours des mouvements islamistes et aux groupes religieux extrémistes. D’après cette littérature, le programme de formation des imams n’est qu’une des manières dont l’État marocain applique une partie de sa stratégie globale de prévention de l’extrémisme violent[ix]. Elle vise aussi à inclure les élites religieuses, renforçant ainsi l’appareil bureaucratique religieux qui est utilisé pour soutenir le système de gouvernement et légitimer ses politiques autoritaires[x].

 

La seconde perspective, de genre ou libérale, se concentre sur la partie du programme relative à la formation de guides religieuses féminines, les morchidates. Considérée comme unique en son genre, elle est définie comme une expérience « pionnière » et « inédite » dans le monde arabo-musulman. Elle viserait en effet à intégrer l’élément féminin dans la sphère religieuse, qui est traditionnellement monopolisée par les hommes dans une bonne partie des pays à majorité musulmane. Cela constituerait un saut de qualité en termes de distribution et de démocratisation de l’autorité religieuse, contribuant à rompre l’hégémonie des interprétations [ta’wîlât] masculines et conservatrices[xi].

 

La troisième perspective se fonde sur un paradigme modernisateur et voit dans cette formation institutionnalisée une tentative officielle du régime politique de procéder vers ce que certains appellent un « modernisme marocain »[xii], à travers la production d’une nouvelle génération d’imams, capables de « repenser le rapport du musulman avec le monde contemporain, […] et de s’adapter à l’époque de la mondialisation […] ; des imams qui soient en mesure de parler la langue d’une modernité religieuse à la portée des musulmans ordinaires »[xiii].

 

Du programme local au programme international

 

L’évolution institutionnelle de la formation des imams ne s’explique pas seulement à la lumière du contexte national et de son prolongement international dans le domaine de la lutte contre le terrorisme dans laquelle le Maroc est aussi engagé. Le contexte régional joue aussi un rôle important.

 

Au départ, le programme était circonscrit à la dimension locale et était hébergé dans un petit siège de la section de Rabat du Haut Conseil scientifique des Oulémas, dont la capacité ne dépassait pas 200 personnes. En 2013, on est passé à un programme équivalent, mais adressé spécifiquement aux imams du Mali, à la suite d’un accord entre ce pays et le Maroc, qui prévoyait la formation d’environ 500 imams. Par la suite, de nombreux autres pays africains et européens ont exprimé leur désir de pouvoir bénéficier de la même expérience. Cela a encouragé l’État à l’insérer dans une structure institutionnelle de dimension internationale, qui viserait à fournir une formation scientifique « moderne et en renouvellement constant »[xiv]. L’Institut Mohammed VI de formation des Imams, des Morchidines et des Morchidates, a ouvert ses portes en mars 2015. En juin de la même année, il a été annexé administrativement, ainsi que d’autres instituts religieux, à la Qarawiyyin, en vertu du décret royal qui établissait la réorganisation de cette université[xv]. Cette extension représente pour le Maroc un saut de qualité évident des objectifs nationaux, qui ont eu un poids déterminant dans la première version du programme, à la poursuite d’ambitions et d’intérêts stratégiques régionaux.

 

D’un côté, ce développement peut être vu comme une tentative du Royaume de faire émerger l’unicité et l’excellence de l’expérience marocaine de gestion de la sphère religieuse, capable d’expliquer au moins en partie la sécurité et la stabilité dont jouit le Maroc dans un environnement régional turbulent et miné par diverses formes de tensions et de conflits, pour la diffuser au niveau international comme un modèle de succès. Faisant évoluer ce programme en un institut international de formation, le Royaume aspire en effet à s’affirmer comme pôle spirituel régional d’avant-garde. Avec le déclin d’institutions prestigieuses comme l’Azhar et la Zitouna, le Maroc a commencé à se présenter comme une force régionale souple, « bastion de la modération et de la coexistence religieuse », capable, en vertu de son expérience dans le domaine de la formation des dirigeants religieux, d’aider et de soutenir les pays voisins, en particulier ceux d’Afrique, dans les activités déployées pour la prévention et la lutte contre les dangers transnationaux qui menacent leur sécurité et leur stabilité.

 

D’un autre côté, ce développement institutionnel accompagne et renforce la nouvelle orientation de la politique africaine du Maroc qui, au cours des 15 dernières années, a consenti de grands efforts pour s’ouvrir à un certain nombre de pays du Sahel, de l’Afrique occidentale et sub-saharienne. En ce sens, le programme de formation des imams est une déclinaison particulière de cette coopération « sud-sud », centrée sur l’intensification des rapports bilatéraux de coopération et sur la diversification des partenariats et des relations stratégiques dans les secteurs d’intérêt commun, comme justement la formation religieuse[xvi].

 

À ce jour, plus de dix pays ont activement adhéré au programme, notamment le Mali, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, la Guinée, la Gambie et le Sénégal, outre la Tunisie, le Gabon, le Tchad et la France. D’autres États ont fait des demandes ou conclu des accords, mais qui ne sont pas encore devenus opérationnels, comme c’est le cas pour la Lybie, les Maldives et la Somalie. On observera que ce qui est commun à ces pays, c’est le fait que nombre d’entre eux connaissent des désordres politiques et sécuritaires liés à la croissance de l’extrémisme religieux (Mali, Lybie, Tunisie) ; ils sont traversés par des conflits ethniques ou confessionnels entre les minorités (Nigéria) ; ils expérimentent un vide préoccupant dans l’assistance spirituelle ou sont caractérisés par un analphabétisme religieux et par la fragilité des modèles de religiosité (par exemple les Maldives et la Guinée Conakry). Cette coopération est donc une façon de protéger et de préserver leur tissu religieux du spectre de l’infiltration extrémiste qui provient des pays limitrophes et de l’environnement régional.

 

Le Maroc espère que les imams et les morchidates étrangers qui sortent de l’institut de formation pourront constituer, à leur retour dans leur pays, un « noyau dur » de transmission des expériences et des compétences théoriques et pratiques acquises à l’intérieur de ce programme, pour les reproduire au niveau des réseaux locaux d’assistance religieuse. Mais surtout, le Maroc espère que ces diplômés deviendront des « ambassadeurs » du Royaume dans leur pays, et pourront promouvoir le modèle religieux marocain, dont l’essence et l’esprit les ont imprégnés après deux ans de formation intensive à l’Institut.

 

En ce sens, le programme peut être vu comme une initiative mise en œuvre par le Maroc pour intégrer les efforts visant à développer une stratégie politique régionale cohérente, souple et intelligente, qui doit à son tour compléter les initiatives sécuritaires et militaires de la communauté internationale destinées à lutter contre le phénomène du radicalisme religieux dans la région du Sahel et du Sahara[xvii]. Parallèlement à cela, grâce à ce programme, le Maroc aspire à soutenir sa vision stratégique de puissance régionale émergente en Afrique, renforçant sur une base culturelle et spirituelle les partenariats politiques et économiques bilatéraux avec les pays de l’Afrique sub-saharienne.

 

La structure et les candidats

 

L’Institut Mohammed VI est le seul cadre institutionnel autorisé au Maroc dans le domaine de la formation religieuse. Son siège se trouve dans le quartier universitaire al-‘Irfân de Rabat, dans un édifice moderne composé de trois ailes : une aile pédagogique composée d’un auditorium, de salles d’étude, de salles d’informatique, d’une salle multifonctionnelle et d’une bibliothèque ; une aile pour la restauration et le logement, et une aile pour la vie sociale et récréative avec des terrains de jeu, une infirmerie et une mosquée pour la prière, utilisée aussi quotidiennement comme espace pour enseigner et mettre en pratique certaines compétences acquises pendant la formation. En 2016 et en 2017, l’Institut a été soumis à deux interventions consécutives d’extension pour augmenter sa capacité d’accueil et satisfaire les demandes croissantes provenant des pays africains et européens. Actuellement, il dispose de plus de 1200 places. La construction, l’aménagement et l’agrandissement de l’Institut ont coûté environ 400 millions de dirham. Le considérable investissement financier nécessaire pour compléter ce projet et pour ses extensions successives, outre les sommes allouées chaque année pour le rendre opérationnel – des salaires des enseignants et du personnel aux bourses d’étude pour les étudiants – est un reflet de sa nature politique et stratégique de long terme et des objectifs ambitieux que le Maroc vise à atteindre, à travers lui, au niveau national et international.

 

L’Institut est géré par une structure administrative supervisée par un directeur. Le directeur est nommé par décret royal (dahîr) et agit sous la supervision directe du ministre des Awqâf et des Affaires islamiques, qui est l’autorité de gouvernement compétente pour cette institution. Bien que l’Institut soit théoriquement annexé à l’Université Qarawiyyin, et qu’en tant que tel il devrait jouir d’une relative « indépendance scientifique et pédagogique »[xviii], dans les faits il est soumis au contrôle rigide et à l’influence de l’appareil central du Ministère des Awqâf et des Affaires islamiques, outre ceux du Haut Conseil scientifique des Oulémas.

 

Sa fondation représente le couronnement de l’expérience mûrie en dix ans du programme de formation dans sa première version de 2005. En ce sens, l’Institut n’est que la poursuite et la concrétisation du programme local initial, naturellement avec certains ajouts destinés à en améliorer la qualité pour mieux servir les nouveaux intérêts politiques nationaux et internationaux.

 

Il convient de noter que l’idée d’instituer ce programme était celle d’Ahmad ‘Abbâdî, ancien directeur des Affaires islamiques au ministère des Awqâf et actuel secrétaire général de la Râbita Muhammadiyya des oulémas marocains, qui a présidé la commission scientifique préparatoire du projet mais a ensuite abandonné cette fonction en raison de divergences avec le ministre des Awqâf. En 2006, ce dernier a chargé une commission technique composée de trois experts de repenser le programme de formation.

 

La formation est ouverte aux jeunes, hommes et femmes, âgés de moins de 45 ans, possédant une licence délivrée par une université marocaine, ou par une institution équivalente ou supérieure, dans n’importe quelle discipline. Les candidats à ce cours doivent remplir certaines conditions : connaître tout le Coran par cœur dans le cas des imams, ou au moins la moitié du Coran dans le cas des morchidates[xix], jouir de leurs droits civils, avoir des attitudes personnelles adéquates et être physiquement aptes.

 

Jusqu’à il y a quelques années, le processus de sélection se déroulait plutôt simplement : presque tous les candidats qui satisfaisaient aux critères d’aptitudes décrits ci-dessus étaient convoqués à l’examen oral. Initialement, étant donné le nombre limité de candidats intéressés par cette formation, on acceptait avec une certaine indulgence les étudiants qui n’avaient pas appris tout le Coran par cœur ou même les candidats qui avaient des affiliations religieuses non conformes aux orientations officielles. Certains morchidines et certaines morchidates de la première fournée étaient notoirement affiliés au groupe Justice et Bienfaisance[xx], ce qui fut confirmé par une déclaration célèbre faite en 2006 à un journal national par Nadia Yassine, activiste islamique et fille du guide de ce mouvement. Cela a été un des problèmes que la commission chargée de la révision du programme de formation a dû affronter, et c’est là la raison pour laquelle, à partir de 2006, le processus de sélection a été soumis à des procédures plus rigoureuses. Un système fondé sur un double comité de sélection a ainsi été mis en place et maintenant les critères d’admission et de vérification des compétences déclarées par les étudiants à la présentation de leur candidature sont respectés avec une plus grande intransigeance. En outre, les enquêtes sur les candidats acceptés sont devenues plus approfondies.

 

L’offre de formation

 

Pour les Marocains, le parcours de formation de base dure un an, divisé en deux semestres, tandis que pour les imams d’autres nationalités africaines, la durée est de deux ans et va jusqu’à trois ans pour les imams français. Le premier semestre commence la première semaine de janvier, le second en juin. Outre la formation ordinaire de base, qui s’adresse tant aux Marocains qu’aux étrangers, l’Institut propose des parcours supplémentaires, comme la formation continue ou les cours de perfectionnement, les cours pratiques et les exercices[xxi]. La première est une sorte de programme spécial de courte durée, qui se distingue de la formation ordinaire de base par le niveau d’approfondissement et le temps qu’elle requiert, de 3 à 6 mois. Jusqu’à maintenant, ceux qui en ont bénéficié sont des groupes d’oulémas, de cheikhs et d’imams adultes, provenant de Guinée, du Tchad et du Nigéria. Elle peut aussi être donnée sous la forme d’un cours d’une ou deux journées, comme celui qu’ont suivi quelques imams marocains à Témara (Rabat) en 2018.

 

Le système d’études de l’Institut prévoit l’internat pour les étudiants étrangers, tandis que les Marocains s’y rendent en tant qu’élèves externes. Tous les étudiants, quelle que soit leur nationalité, reçoivent une bourse d’étude mensuelle de 2 000 dinars. Les étrangers reçoivent également chaque année un billet d’avion aller et retour pour leur pays. Le programme se conclut par des épreuves écrites et orales qu’il n’est en aucun cas possible de repasser [xxii]. De même, les absences répétées ou le manque de participation aux épreuves sans justification valide sont considérées comme un motif de renvoi.

 

Les étudiants étrangers sont soumis à une formation plutôt semblable à celle prévue pour les imams marocains, avec de petits ajustements convenus avec les autorités de l’État étranger pour adapter les enseignements qu’ils reçoivent aux réalités du pays de provenance et les conformer au niveau général des étudiants. Mais le programme de formation des Marocains est plus avancé, varié et dense par rapport à celui que suivent les étudiants étrangers, en particulier les Africains. En effet, le niveau de ces derniers, que ce soit en termes de connaissances, ou de diplômes obtenus, ou de maîtrise de l’arabe (la langue principale dans laquelle est donnée la formation), est extrêmement variable. Cette variabilité entre les différents niveaux présents à l’intérieur d’un même groupe a commencé à représenter un problème sérieux pour les enseignants comme pour les étudiants, parce qu’elle affecte négativement la bonne marche et la qualité de l’activité de formation. Pour y remédier, en 2018, la direction de l’Institut a établi une nouvelle méthode pour la formation des groupes. Ce système se base sur la distribution des étudiants étrangers (en particulier les Africains) en trois groupes, sur la base d’une épreuve écrite et orale, destinée à évaluer le niveau de l’étudiant en sciences juridiques, sa connaissance de l’arabe et son bagage doctrinal. Le premier groupe rassemble les étudiants qui ont un bon niveau, le second accueille les étudiants intermédiaires et le troisième comprend ceux qui ont un niveau plus bas.

 

Le cursus

 

L’Institut suit un programme de formation intensif qui comprend différentes matières et qui combine des leçons théoriques et des exercices pratiques. En observant les programmes, il semble nécessaire de distinguer trois groupes de disciplines : les sciences de la charia, les disciplines linguistiques et liées à la communication, et les sciences humaines et sociales. Les sciences de la charia sont prédominantes et dépassent les 50 % des 1 250 heures annuelles environ prévues par cette formation. Rentrent dans les matières chariatiques le Coran et ses sciences, la Sunna et ses sciences, le droit islamique, la biographie du Prophète, les fondements de l’école juridique malikite, la jurisprudence de la fonction d’imam (à laquelle se substitue la « jurisprudence des femmes » pour les morchidates), la doctrine (‘aqîda) et le soufisme. Au cours de l’année, ces matières sont enseignées à tous les groupes, marocains et étrangers, et peuvent être considérées comme des matières « de base » étant donné le nombre d’heures et la valeur qui leur sont accordés dans le calcul de la moyenne générale de l’examen. Sur 26 heures de formation hebdomadaire, 14 sont consacrées aux matières chariatiques, tandis que les heures restantes sont réparties entre les sciences humaines, sociales et linguistiques. Les sciences humaines incluent l’histoire du Maroc, la tradition juive, la psychologie, la philosophie islamique, la logique, les courants intellectuels contemporains et les institutions nationales. Il y a en outre des matières appliquées comme la langue arabe, la communication, les sermons et la prédication, les médias, outre les heures consacrées au Coran et à la mémorisation de certains textes, qui constituent une partie fixe du programme hebdomadaire pour la majorité des étudiants.

 

Au second semestre, le cours sur les Institutions internationales et les droits humains remplace celui sur les Institutions nationales, et le cours d’Histoire de la législation islamique ou d’Histoire de l’Islam remplace (pour les étrangers) celui sur l’Histoire du Maroc. À ces matières, s’en ajoutent deux nouvelles : Méthodologie de la recherche, et Géographie et astronomie. Il est intéressant de noter que le programme de formation des Marocains ne comprend l’enseignement d’aucune langue étrangère.

 

Au cours des dernières années, avec l’augmentation des inscriptions à l’Institut (jusqu’à 14 classes), la question s’est posée de la multiplicité des matières étudiées et de la différenciation des contenus entre les classes. Pour remédier à ce problème, depuis 2016, l’Institut a commencé à envisager l’idée d’unifier les cursus et a chargé certains enseignants de rédiger, selon des indications spécifiques, des polycopiés à adopter en tant que manuels d’étude. Deux ans et demi plus tard, l’Institut a publié une vingtaine de polycopiés, tous en arabe, à l’exception d’un seul en français, qui ont été distribués aux étudiants marocains et étrangers à partir de mai 2018.

 

Parallèlement aux leçons théoriques et aux exercices pratiques, la direction de l’Institut prévoit des activités de type intellectuel, récréatif ou sportif, à l’appui de la formation reçue par les étudiants marocains et étrangers. Il s’agit d’une série de séminaires, de journées d’étude et de conférences sur des thèmes religieux et scientifiques, animés par exemple par les oulémas qui participent aux leçons données en présence du roi pendant le mois du Ramadan. Le programme de formation trimestrielle comprend en outre des cours facultatifs d’éducation physique, qui se déroulent dans la salle de sport annexée à l’édifice de l’Institut. Ce dernier organise enfin chaque année une série d’activités récréatives, par exemple des soirées artistiques, des concours culturels et des visites de certains lieux historiques, religieux et touristiques du Royaume, avec l’objectif éducatif de favoriser « l’ouverture et l’intégration et de promouvoir l’esprit de tolérance et le dialogue constructif »[xxiii] entre les étudiants et les dirigeants de l’Institut.

 

De l’analyse des contenus des matières prévues dans le programme de formation, on peut tirer essentiellement trois conclusions. La première concerne la nature de cette formation et les critères qui la guident. Dans sa première version, le programme naissait dans un contexte de pression politique et était centré sur la formation et non sur l’enseignement supérieur. L’Institut peut en cela être considéré comme une académie de formation spécialisée plus que comme une institution éducative. Ses responsables se sont efforcés de faire prévaloir l’aspect pratique, en se concentrant en particulier sur les compétences opérationnelles dont les nouveaux imams ont besoin pour remplir les fonctions religieuses qui leur sont assignées dans les sociétés dans lesquelles ils seront employés.

 

Le programme de formation vise toutefois à élever le niveau de préparation des étudiants dans les sciences chariatiques et humaines, et ceci est la seconde conclusion. Les disciplines chariatiques constituent la partie principale de l’enseignement, tant en termes horaires qu’en ce qui concerne le nombre des enseignants préposés à leur enseignement. À partir d’une analyse rapide des programmes, on observe qu’en général, celles-ci ne sont pas différentes de celles qui sont prévues dans l’enseignement supérieur traditionnel et dans les facultés de charia, d’études islamiques et de fondements de la religion. Mais à l’Institut, on se concentre sur leurs aspects introductifs et sur leurs concepts fondamentaux. Une telle approche pédagogique semble tenir compte du fait que beaucoup d’étudiants et d’étudiantes ont obtenu une licence dans des disciplines scientifiques et humanistes qui n’ont aucun lien avec les études islamiques et les sciences religieuses. Les futurs imams et les futures morchidates sont ainsi aidés à acquérir une familiarité avec ces sciences, sans lesquelles il est difficile de remplir la fonction de guide religieux. L’attention sur cet aspect représente en revanche un véritable problème pour les étudiants qui viennent d’une licence en charia et en études islamiques et, en particulier pour ceux qui ont aussi obtenu un master ou un doctorat : certains de ceux avec lesquels nous avons parlé ne cachent pas leur déception d’être contraints de « remâcher » des notions de sciences chariatiques qui n’ajoutent rien à leurs connaissances.

 

En outre, on peut faire une autre observation sur la finalité et sur l’arrière-plan idéologique de l’enseignement des matières chariatiques, qui ne se limite pas à fournir à l’imam et à la morchida les connaissances de base nécessaires pour œuvrer dans le domaine religieux, comme le Coran, la Sunna et les hadîths. Il entend aussi donner un fondement doctrinal et historique aux soi-disant « constantes religieuses (al-thawâbit al-dîniyya) », c’est-à-dire aux grands choix sur lesquels est basée l’identité religieuse marocaine : l’école juridique malikite, la doctrine acharite et le soufisme sunnite, ainsi qu’au système de gouvernement du Maroc, centré sur l’acte chariatique de fidélité et sur le commandement des croyants (imârat al-mu’minîn). Ce sont en effet ces constantes qui garantissent l’unité de la nation et la « sécurité spirituelle » des Marocains.

 

La troisième et dernière conclusion concerne le statut des sciences humaines. On est passé des 19 matières enseignées au début du programme en 2005 à 9 matières entre 2006 et 2014, pour remonter ensuite à 11 matières avec la fondation de l’Institut en 2015. Il est important de noter qu’à l’exception de l’ « Histoire du Maroc » et de l’ « Histoire de l’Islam », qui occupent un nombre d’heures important, tant pour les Marocains que pour les étrangers, les autres matières ont bien augmenté en termes quantitatifs, mais le temps dédié à leur enseignement reste très limité et ne dépasse pas les 20 heures par an. En outre, un grand nombre de ces disciplines sont enseignées selon une vision et des instruments pédagogiques qui ne tiennent pas compte de la spécificité de cette formation, destinée à préparer des figures religieuses qui, une fois diplômées, auront la charge de faire connaître et d’appliquer les normes de la charia dans des contextes culturels, sociaux et intellectuels très complexes. En examinant les thèmes traités par ces matières, on ne trouve aucune tentative de comprendre le rapport entre la loi islamique et les questions liées à l’évolution des sociétés musulmanes actuelles, en particulier celles qui sont caractérisées par le pluralisme intellectuel et par des débats publics sur des questions sociales et religieuses délicates. Je pense en particulier au statut de la femme, à la demande de libertés individuelles, au rapport entre religion et État et à certaines activités culturelles qui se déroulent dans l’espace public, par exemple les expositions artistiques et les autres activités récréatives organisées avec le soutien officiel et le patronage d’organes liés à l’État. Il s’agit de problématiques complexes et sensibles, pour lesquelles les imams qui se forment à l’Institut ne semblent pas avoir de réponses claires et convaincantes, ni disposer des instruments intellectuels pour les aborder avec une position logique et équilibrée et en même temps capable de respecter les principes de la charia en tant que référence fondamentale pour leur réflexion. Ils se limitent ainsi à reproposer les constantes religieuses et les choix politiques de l’État marocain.

 

Une nouvelle bureaucratie religieuse

 

À partir de ce qui a été dit, on peut affirmer que l’inclusion des sciences sociales et humaines dans le parcours de formation exprime le désir d’offrir aux imams des instruments cognitifs qui rentrent dans la « jurisprudence de la réalité », pour les aider à s’insérer positivement dans les sociétés dans lesquelles ils œuvrent et contribuer à résoudre les problèmes qu’ils pourraient rencontrer. Toutefois, les contenus et la méthode avec lesquels ces sciences sont insérées à l’intérieur de l’architecture générale du parcours de formation ne dénotent pas un effort intellectuel qui favorise l’interaction constructive avec les matières chariatiques. En revanche, on perçoit la préoccupation de faire comprendre aux nouveaux imams le cadre institutionnel et les normes juridiques et législatives sur lesquelles se fonde l’État moderne. Par conséquent, il semble évident que l’inclusion dans les programmes d’étude de matières comme l’introduction au droit, les institutions nationales et internationales ou les courants islamiques contemporains est finalisée à l’intégration des imams et des morchidates dans l’appareil institutionnel d’une bureaucratie religieuse qui s’est sensiblement développée et renforcée au cours des 15 dernières années.

 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité les auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la Fondation Internationale Oasis

[i] Pour un approfondissement sur l’évolution de l’enseignement religieux au Maroc, se reporter à Mohamed El Ayadi, De l’enseignement religieux, « Prologues : Revue Maghrébine du Livre », n. 21 (2001), pp. 32-44.
[ii] Voir le discours du roi Mohammed VI en présence du Conseil scientifique supérieur et des Conseils scientifiques locaux.
[iii] Ministère des Awqâf et des Affaires islamiques, 2007. Bulletin officiel de 2006, p. 43.
[iv] Le rôle religieux et politique des imams dans les mosquées, dans le discours d’Ahmed Toufiq à l’occasion de la cinquième conférence des leaders religieux au Kazakhstan. https://bit.ly/2FS9AAa
[v] Jonathan Birt, Good Imam, Bad Imam: Civic Religion and National Integration in Britain post9/11, «The Muslim World», vol. 96, n. 4 (2006), pp. 687-705.
[vi] Ahmed Toufiq, Le fait religieux : Débat autour d’une constante de l’identité marocaine, « Diplomatica Magazine », n. 68 (2015), pp. 41-47.
[vii] Jonathan Birt, Good Imam, Bad Imam: Civic Religion and National Integration in Britain post9/11, p. 701.
[viii] Dalîl al-imâm wa-l khatîb wa-l wâ‘iz [Manuel de l’imam, de l’orateur et du prédicateur], Publications du Ministère des Awqâf et des Affaires islamiques, Dâr al-Baydâ’ 2007.
[ix] Mohammed Errihani, Managing religious discourse in the mosque: the end of extremist rhetoric during the Friday sermon, « The Journal of North African Studies », vol. 16, n. 3 (2011), pp. 381-394.
[x] Ann Marie Wainscott, Bureaucratizing Islam: Morocco and the War on Terror, Cambridge University Press, New York 2017, pp. 158-206.
[xi] Karima Dirèche, Les Murchidât au Maroc. Entre islam d’état et islam au féminin, « Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée » 128 (2010), pp. 99-111; Meriem El Haitami, Restructuring Female Religious Authority: State-Sponsored Women Religious Guides (Murshidat) and Scholars (’Alimat) in Contemporary Morocco, « Mediterranean Studies », vol. 20, n. 2 (2012), pp. 227-240, Driss Maghraoui, The Strengths and Limits of Religious Reforms in Morocco, «Mediterranean Politics», vol. 14, n. 2 (2009), pp. 195-211; Margaret Rausch, Women Mosque Preachers and Spiritual Guides: Publicizing and Negotiating Women’s Religious Authority in Morocco in Massoda Bano et Hilary Kalmbach (dir.), Women, leadership, and mosques: Changes in Contemporary Islamic Authority, Brill, Leiden 2012.
[xii] Mohammed El-Katiri, The institutionalisation of religious affairs: religious reform in Morocco, « The Journal of North African Studies », vol. 18, n. 1 (2013), pp. 53-69.
[xiii] Mohsine Elahmadi, La formation des nouveaux imams au Maroc, « Afkar/Idées », n. 12 (2007), pp. 28-33.
[xiv] Ministère des Awqâf et des Affaires islamiques, 2016. Bulletin officiel 2015, p. 246.
[xv] Ce décret prévoit la réorganisation de l’Université Qarawiyyin en en faisant « une institution scientifique de référence pour la formation spécialisée en sciences religieuses et en histoire de la pensée et de la civilisation islamiques ». Le décret royal établit « l’autonomie pédagogique et scientifique » de l’Université mais en même temps il la met sous le « patronage suprême » du roi, la situant de fait sous la tutelle du ministre des Awqâf et des Affaires islamiques qui préside le Conseil de l’Université en vertu de l’article 8. Voir le décret royal n. 1.15.71 promulgué le 24 juin 2015, qui stipule la réorganisation de l’Université Qarawiyyin. Cf. Bulletin officiel, n. 6372, 25 juin 2015, pp. 5991-5996.
[xvi] Salim Hmimnat, ‘Spiritual security’ as a (meta-)political strategy to compete over regional leadership: formation of Morocco’s transnational religious policy towards Africa, « The Journal of North African Studies » (2018), https://doi.org/10.1080/13629387.2018.1544073  
[xvii] Ibid., p. 23.
[xviii] Article 5 du décret royal n. 1.15.71 promulgué le 24 juin 2015 qui stipule la réorganisation de l’Université Qarawiyyin. Bulletin officiel n. 6372, 25 juin 2015, pp. 5991-5996.
[xix] Le programme de formation ne comptait au début que cinquante murshidât. À partir de 2014, sur ordre du roi, leur nombre a doublé.
[xx] Sally Williams, Mourchidat – Morocco’s female Muslim clerics, « The Telegraph », 26 avril 2008, https://bit.ly/2G30ulf
[xxi] Article 4 du décret royal n. 1.14.103 promulgué le 20 mai 2014 sur le renouvellement de l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams, des murshidîn et des murshidât. Bulletin officiel n. 6268, 26 juin 2014, pp. 5470-5473.
[xxii] Décret du ministre des Awqâf et des Affaires islamiques n. 2203.06 promulgué le 5 juillet 2006. Bulletin officiel n. 5464, 12 octobre 2006.
[xxiii] Ministère des Awqâf et des Affaires islamiques, 2016. Bulletin officiel de 2015, p. 250.
 

Pour citer cet article

 

Référence papier:

Salim Hmimnat, « La formation des nouveaux imams au Maroc », Oasis, année XV, n. 29, juillet 2019, pp. 16-31.

 

Référence électronique:

Salim Hmimnat, « La formation des nouveaux imams au Maroc », Oasis [En ligne], mis en ligne le 14 juillet 2020, URL: /fr/la-formation-des-nouveaux-imams-au-maroc

 

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