Un jeune égyptien, destiné à devenir un grand intellectuel, rencontre l’université moderne, d’abord au Caire et après en France. Une expérience qui élargit ses horizons, sans lui faire oublier les origines

Cet article a été publié dans Oasis 28. Lisez le sommaire

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:58:27

Cliquez ici pour lire l’introduction de ce classique : La synthèse entre cheikh et docteur

 

La rencontre avec l’université moderne élargit les horizons d’un jeune égyptien, destiné à devenir un grand intellectuel. Entré à la Sorbonne, l’étudiant réussit le redoutable examen de latin, obtenant ainsi sa licence. Mais en France, il connaît aussi sa future femme, la femme qui lui « offrit ses yeux ». Et malgré son admiration pour l’Europe, il garde une profonde reconnaissance pour ses maîtres égyptiens, grâce auxquels il n’a jamais cessé d’aimer la civilisation orientale.

 

 

V. Un de mes professeurs lance sur moi un anathème

 

Comme les autres Égyptiens, notre ami[1] considérait la vie universitaire comme une fête, mais, pour lui, les occasions de plaisir, de joie et d’espoir étaient sans cesse renouvelées. Il échappait enfin à ce milieu si étriqué et si angoissant qui était le sien lorsqu’il se rendait à el Azhar, en passant par Hawch ‘Atâ et Darb el Gamâmî[2]. À présent, sur le chemin de l’université, il pouvait enfin respirer un air pur, puis remplir son esprit d’un savoir que ne venait pas troubler la gravité austère des professeurs d’el Azhar, avec leur manie de la « fanqala »[3], leur bavardage continuel et inutile sur l’emploi de tel ou tel vocable, sans parler du temps qu’ils perdaient en explications grammaticales oiseuses.

(...)

Il pouvait enfin accéder à un milieu plus ouvert, un milieu où il acquerrait un savoir qui ferait de lui un être nouveau, un savoir où les sciences traditionnelles enseignées à el Azhar, grammaire, fiqh, logique, tawhîd, n’avaient plus leur place, un savoir fait de littérature et d’histoire, de choses merveilleuses dont il n’aurait jamais cru possible qu’elles soient un jour à sa portée. Notre ami garde le souvenir de la violente querelle qui l’opposa un jour à son cousin, étudiant à Dar el ‘Ouloum[4]. Dans le feu de la dispute, celui-ci lui avait lancé : « Que sais-tu, toi, de la science ? Tu n’es qu’un ignorant qui ne connaît que la grammaire et le fiqh. Jamais tu n’as entendu de cours sur l’histoire des pharaons ! As-tu jamais entendu prononcer les noms de Ramsès et d’Akhenaton ? » Notre ami n’avait su que répondre, tandis que la tristesse envahissait son cœur. Était-il possible que Dieu l’ait voué pour toujours à une vie absurde et inutile ? Et voici qu’un soir, à l’université, il lui était donné d’entendre un cours du professeur Ahmad Kamal, sur la civilisation de l’Égypte ancienne. Il évoquait Ramsès, Akhenaton et bien d’autres pharaons, tout en exposant aux étudiants sa théorie sur les liens existant entre la langue de l’ancienne Égypte et les langues sémitiques, notamment la langue arabe. Pur appuyer son propos, il comparait certains termes de l’ancienne langue égyptienne à des mots arabes, hébreux ou syriaques. Toute cette science enthousiasmait notre ami, mais ce qui stupéfiait encore plus, c’était de constater qu’il comprenait tout cela sans peine et qu’il l’appréciait au plus haut point.

 

En rentrant chez lui, ce soir-là, il se sentait rempli d’orgueil et de vanité. À peine retrouva-t-il son cousin, qu’il se mit à se moquer de lui et de cette Dar el ‘Ouloum dont celui-ci était si fier. Puis il le provoqua : « Est-ce que vous apprenez les langues sémitiques à Dar el ‘Ouloum ? » Comme il recevait une réponse négative, notre ami se laissa emporter pas l’orgueil : il parla de l’hébreu, du syriaque, des hiéroglyphes, entreprenant d’expliquer à son cousin l’écriture des anciens Égyptiens. Et c’est ainsi qu’il reprit l’avantage sur celui qui l’avait un jour humilié.

 

[…] L’université avait ouvert ses portes à des nouveaux professeurs, pour lesquels il éprouvait une vraie fascination. Il y avait là Carlo Nallino[5], un orientaliste italien, qui enseignait, en arabe, l’histoire de la littérature et de la poésie omeyyades ; le professeur Santillana[6], qui s’exprimait aussi en arabe, ou plutôt dans le dialecte tunisien, aux sonorités chantantes. Il enseignait l’histoire de la philosophie islamique et en particulier celle des traductions. Quant au professeur Melloni[7], il assurait, lui aussi en arabe, un cours sur l’histoire de l’Orient ancien. Il parlait de choses qu’aucun professeur en Égypte n’avait encore évoquées avant lui. Il racontait dans le détail l’histoire de Babylone et celle d’Assour, il parlait de l’écriture cunéiforme et des lois d’Hammourabi. Notre ami comprenait tout ce que disaient ses professeurs, sans aucune peine, et il ne détestait rien tant que le moment où un cours touchait à sa fin, de même qu’il n’espérait rien tant que de découvrir le contenu du prochain.

 

Il y avait aussi un professeur allemand, Littman[8], qui se livrait à une étude comparée des langues sémitiques, puis enseignait les rudiments de certaines d’entre elles.

 

Notre ami se détachait progressivement de sa première vie, celle de pensionnaire d’el Azhar, et il s’en serait totalement affranchi sans la présence, à ses côtés, pendant la plus grande partie de la journée et une bonne partie de la nuit[9], de ses collègues et de ses proches, étudiants à el Azhar, à Dar el ‘Ouloum ou à l’école de la magistrature. Son esprit, en tout cas, s’était totalement détaché de ce milieu, à la faveur du rapprochement qui s’était opéré entre lui et ses professeurs, et des liens solides d’amitié qu’il avait tissés avec eux. Tous le connaissaient, l’appréciaient et le traitaient avec une bienveillante affection ; ils l’invitaient parfois à leur rendre visite chez eux, dans leurs hôtels, et prenaient plaisir à discuter avec lui. Notre ami se souvient encore d’un rendez-vous qu’il avait un jour fixé au professeur Santillana, qui désirait assister à un cours d’el Azhar. Ils se retrouvèrent devant le portique des ‘Abbassides[10], et allèrent ensemble écouter le recteur, qui était le cheikh Salîm el Bichrî[11]. C’était un cours de tafsîr. L’élève et son professeur prirent place au milieu des étudiants, tandis que le cheikh se mettait à expliquer le verset suivant, tiré de la sourate des troupeaux. « Même si Nous faisions venir à eux les anges, même si Nous faisions parler les morts et ressuscitions sous leurs yeux toute chose, ils ne croiraient que si le Très-Haut le permettait, mais la plupart d’entre eux ne le savent pas ».

 

Le cheikh excella dans l’analyse, il aborda les problèmes du déterminisme et du libre arbitre et s’attaqua aux opinions des matérialistes. Notre ami, suivant la coutume en vigueur à el Azhar, se lança dans une polémique avec lui, et voulut absolument avoir le dernier mot. À tel point que le cheikh lui répliqua en ces termes : « Ce que Dieu veut est, et ce qu’Il ne veut pas n’est pas ! C’est Dieu qui dispense la foi et la science. Tu es musulman, au moins ? »

 

Comme le jeune homme s’apprêtait à répondre, le cheikh lui lança, sur un ton de colère moqueuse : « Tais-toi donc, que les chiens te mordent ! Et laisse-nous terminer ».

 

Il reprit son explication, indifférent au jeune homme, qui ne voulait pas en rester là. Mais le professeur Santillana lui appuya fortement sur l’épaule et lui dit, avec son accent tunisien aux sonorités si douces : « Tais-toi ! Mais tais-toi donc ! Sinon il va te frapper ! » Et comme il prononçait « vrapper », d’une façon comique, le jeune homme partit d’un fou rire étouffé, sans savoir si c’était la remarque du recteur ou la réaction du professeur italien, pleine de bienveillance à son égard qui en était la cause.

 

À la fin du cours, le maître et son étudiant se dirigèrent vers les locaux de l’administration et sollicitèrent une entrevue avec le recteur. Celui-ci les reçut avec affabilité, multipliant les formules de bienvenue ; puis il demanda au jeune homme, après l’avoir bien regardé :

‒ Est-ce toi qui polémiquais pendant la leçon ?
‒ Oui, répondit celui-ci.
‒ Eh bien ! Ҫa alors ! dit le cheikh dans un rire forcé. Que Dieu te prodigue Ses lumières, et qu’Il te donne autant de fil à retordre avec tes futurs étudiants que tu en donnes à tes professeurs !

 

 

VI. Mes professeurs

 

Ce n’était pas seulement la présence de professeurs étrangers qui donnait à la vie universitaire un cachet si plaisant, si agréable et si excitant. Certains professeurs égyptiens y contribuaient également. Notre ami se souvient encore de certains d’entre eux, qui eurent sur son destin une profonde influence ; non seulement parce qu’ils renouvelèrent sa perception des choses, sa manière d’appréhender le passé et le présent, mais aussi parce qu’ils renouvelèrent la conception qu’il avait de son propre avenir. Ce sont eux qui permirent à l’aspect arabe et égyptien de sa personnalité de s’affermir, de se stabiliser, face à la science immense qu’apportaient les orientalistes, et qui aurait pu le changer au point de le détruire, d’engloutir sa personnalité tout entière. Grâce à eux, notre ami parvint à se forger une culture orientale authentique et à opérer une synthèse harmonieuse entre la science de l’Orient et celle de l’Occident. […]

 

 

XI. Le jeune homme et la France

 

[…] Il se pouvait même, parfois, qu’il atteignît au comble du désespoir et que le sommeil se refusât à lui. Pendant ces nuits d’insomnie, il entendait quelquefois frapper à sa porte : c’était un de ses collègues qui venait le trouver, bien après minuit. Il s’était donné du bon temps, comme on aime à le faire à cet âge, et tenait absolument à faire profiter notre ami du récit de ses exploits. Lorsqu’il en avait terminé, il le quittait et le laissait dans un état de tristesse et d’accablement extrêmes. Notre ami en était quitte pour passer une nuit blanche, et, le lendemain, une journée fade et morose.

 

Malgré toutes ces difficultés morales et matérielles, malgré les problèmes qu’il éprouvait parfois pour se rendre à l’université et pour en suivre les cours, il était parfaitement heureux de cette nouvelle vie et des expériences qu’il faisait. Il n’avait qu’un espoir, c’était de pouvoir continuer à vivre ainsi, jusqu’au terme fixé et au succès. Il était en effet intimement persuadé qu’il atteindrait les objectifs qu’il s’était fixés, qu’il se perfectionnerait en français, il le parlait déjà presque couramment, qu’il apprendrait le latin et qu’il réussirait à ses examens. Qui sait, peut-être serait-il un jour le premier étudiant égyptien à devenir licencié en lettres ?

 

Il vivait cette vie douce-amère, cruelle et tendre à la fois, qu’il chérissait parfois plus que tout au monde et qu’il haïssait, d’autres fois, avec ardeur. Quand, tout à coup, un beau jour de printemps, cette vie lui adressa un sourire qui transforma le reste de son existence.

 

À compter de ce jour, il ne connut plus ni solitude ni mélancolie, même dans les ténèbres de la nuit. Comment ces deux importunes auraient-elles pu encore se frayer un chemin jusqu’à lui, comment les idées noires auraient-elles pu encore venir le hanter et lui voler le sommeil, alors que son âme résonnait des échos d’une voix douce et délicate qui diffusait en lui tendresse et réconfort ? Cette voix, c’était celle de sa lectrice, une jeune fille qui lui faisait découvrir les œuvres maîtresses de la littérature française.

 

Dieu pardonne à Abou l ‘Alâ[12], qui avait inspiré au jeune homme des sentiments de haine et de pessimisme, qui avait désespéré son cœur d’accéder un jour à une certaine forme de bonheur et l’avait persuadé que sa vie ne serait que peine, labeur et souffrance ! Voici qu’à présent une voix douce chassait de son âme tout ce que Abou l ‘Alâ y avait versé de tristesse, de mélancolie, d’inquiétude et de désespoir. Exactement comme le soleil radieux de ce matin de printemps, qui dispersait les épais nuages amoncelés sur la ville, des nuages menaçants, lourds de sombres projets.

 

La ville entière s’éveillait aujourd’hui dans une lumière éblouissante.

 

À compter du jour où notre ami entendit cette voix, qui lui lisait quelques vers de Racine, il vécut une seconde naissance ; à compter de cette heure bénie, et pour toujours, l’angoisse ne s’approcha plus de son cœur.

Jamais notre ami ne fut plus heureux que le 12 mai de cette année 1915.

Jamais il ne se mit à l’étude avec plus d’acharnement qu’à partir de ce jour.

Jamais il ne se serait cru capable de tant profiter de l’université et de ses lectures, comme ce fut le cas à partir de ce moment. […]

 

 

XV. La femme qui m’offrit ses yeux

 

[…] En général, les jeunes gens épris l’un de l’autre s’adonnent totalement, dans les premiers temps de leur passion commune, au plaisir d’être ensemble, de vivre dans l’insouciance, loin des tracas du quotidien ; c’est une saison où les âmes aspirent au bonheur, où les cœurs chantent d’allégresse et où l’imagination exaltée et folâtre explore les senties de l’avenir. Ce ne fut guère le cas pour nos deux amoureux, cet été-là, car le temps leur était bien trop compté, ils se savaient, pour qu’il leur fût permis de se livrer tout entiers aux joies de l’amour. La mission de notre ami en France était limitée dans le temps et il devait respecter le contrat qu’il avait conclu avec l’université. Celle-ci n’acceptait pas facilement, de la part de ceux qu’elle envoyait étudier en Europe, un comportement trop désinvolte.

 

[…] Il avait décidé, dans un premier temps, de préparer la licence de lettres, avant de tenter de décrocher un doctorat. Aucun étudiant égyptien, à cette époque, ne s’était encore attaqué avec succès à la licence, en raison de la somme de travail acharné que cela représentait : il fallait d’abord maîtriser parfaitement le français, afin de réussir à être admissible, à l’issue de l’écrit. Comme ils étaient mis sur un pied d’égalité avec leurs collègues français, il leur fallait être en mesure de rédiger des dissertations sur tous les sujets au programme, dans une langue aussi correcte que possible. Il leur fallait aussi, bien sûr, se mettre à l’étude du latin, qui était au programme de l’écrit ; le latin, cette langue totalement inconnue en Égypte, du moins dans l’enseignement, aussi bien secondaire que supérieur.

 

Les étudiants égyptiens se sentaient trop handicapés, face à de jeunes Français qui l’avaient étudiée pendant six années dans le cycle secondaire, puis pendant plusieurs années encore dans le supérieur. C’était là la raison essentielle qui avait empêché les Égyptiens, jusqu’alors, de se présenter à cet examen et de le réussir.

 

[…] Il était bien décidé, en cas de succès, à télégraphier immédiatement à l’université, et, en cas d’échec, à le dissimuler, dans la mesure du possible : comment éviter qu’on ne l’apprenne en Égypte, alors que ses camarades ne le quittaient pas des yeux et ne cessaient de l’encourager, avec beaucoup de gentillesse et de sympathie ?

 

Le succès fut pourtant au rendez-vous. Ce fut le docteur Sabri el Surbunnî[13] qui lui apporta la bonne nouvelle. Il vint chez notre ami un soir, au comble de la joie, et à bout de souffle pour avoir couru tout au long du chemin, depuis la Sorbonne, et pour avoir grimpé les escaliers quatre à quatre jusqu’au sixième étage. Dès qu’on lui ouvrit la porte, il s’empressa d’annoncer la nouvelle puis tourna les talons et repartit, aussi vite qu’il était venu, sans même songer à se reposer un instant. Cette année-là, cet excellent collègue s’était lui-même présenté à l’examen mais avait rendu feuille blanche en version latine, après avoir pris connaissance du texte ; puis il s’était éclipsé en riant et en déclamant quelques vers désespérés, comme nous l’avons raconté plus haut. Il était vraiment surprenant de le voir, à présent, rayonnant de joie, heureux pour son jeune ami au point d’en oublier le sentiment de son propre échec.

 

En entendant cette nouvelle, le jeune homme n’en crut pas ses oreilles. Il fallut que sa fiancée l’accompagnât jusqu’à la Sorbonne et lui lût elle-même son nom dans la liste des admissibles… Ils ne rentrèrent chez eux qu’après être allés jusqu’à la Comédie-Française, où la jeune fille loua des places pour toute la famille, afin de récompenser les efforts de son ami, qui était aussi son fiancé, et de fêter dignement son succès inespéré.

 

Dès le lendemain, celui-ci télégraphia à l’université ; et deux jours plus tard, il recevait un télégramme de félicitations accompagné d’un chèque d’une valeur de vingt livres.

 

Ce fut le même jour que les deux jeunes gens décidèrent de fixer la date de leur mariage, qu’ils voulaient célébrer avant le départ pour les vacances d’été dans le Midi.

 

 

XVII. Le jour où une bombe tomba sur ma maison

 

[…] Cependant, la guerre touchait à sa fin ; l’armistice fut proclamé. Les Français et les étrangers vivant en France se réjouissaient du retour de la paix et notre ami pensait qu’il allait enfin pouvoir se remettre à préparer son mémoire. À peine avait-il commencé à le faire, après le retour en Égypte de cet ami[14] si cher à son cœur, qu’il en fut brutalement empêché, pour la troisième fois. C’étaient les nouvelles en provenance d’Égypte qui en étaient la cause, des nouvelles qui, loin d’être désespérantes ou inquiétantes, emplissaient son cœur et son âme de joie et de confiance en l’avenir : l’Égypte demandait aux nations victorieuses, qui occupaient son sol, de lui accorder l’indépendance.

 

Mais, bientôt, d’autres nouvelles arrivèrent, bien plus dramatiques : les occupants avaient opposé à cette requête une fin de non-recevoir et soumettaient le pays à un joug toujours plus pesant. Certains dirigeants nationalistes avaient été arrêtés et exilés à Malte, où on les avait assignés à résidence. La population s’était soulevée contre l’occupant pour réclamer le retour de ses fils dans leur pays.

 

Notre ami et ses camarades accueillirent ces nouvelles avec la joie d’un naufragé apercevant la terre ferme. Ainsi donc l’Égypte, elle aussi, était capable de se révolter pour défendre son honneur et sa dignité et pour réclamer son indépendance. Les révolutions n’étaient pas seulement l’apanage des Britanniques, des Français, des Américains et des autres peuples occidentaux. Voici qu’un pays africain osait faire sa propre révolution !

 

[Taha Hussein, La traversée interieure, traduit de l’arabe par Guy Rocheblave, Gallimard, Paris 1992, pp. 50-175 passim]

 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité les auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la Fondation Internationale Oasis

 


[1] Dans Le livre des jours, Taha Hussein parle toujours de lui-même à la troisième personne (cette note et les suivantes sont de Martino Diez).

[2] La pauvre maison où vivait Taha Hussein, avec d’autres étudiants azharites.

[3] Dans le langage convenu d’el Azhar, ce mot est formé de la contraction de fa-in-qîla, « et si l’on dit que » : il s’agit donc de la présentation des objections.

[4] Créé en 1871, la Dâr al-‘Ulûm était une institution conçue pour donner un enseignement mixte, en partie traditionnel et en partie occidental. Aujourd’hui elle fait partie de l’Université du Caire.

[5] Carlo Alfonso Nallino (1872-1938) fut le plus grand orientaliste italien du début du XXe siècle. Il est l’auteur d’études fondamentales sur l’astronomie islamique, le Coran et la littérature arabe des origines, mais également sur le dialecte égyptien moderne. Il a créé l’Instituto per l’Oriente et le journal « Oriente Moderno » ; il a été le directeur de thèse de Taha Hussein à l’Université égyptienne.

[6] Né à Tunis d’une famille de Juifs de Livourne, David Santillana (1855-1931) a joué un rôle de premier plan dans l’étude du droit musulman classique et dans l’élaboration du code civil et commercial tunisien. Il est l’auteur de Istituzioni di diritto musulmano malichita.

[7] Gerardo Meloni (1882-1912), sémitiste italien.

[8] Enno Littmann (1875-1958), sémitiste et éthiopiste de renommée internationale. Membre de l’Académie de langue arabe du Caire, il dirigea la légendaire expédition scientifique à Aksoum en 1906.

[9] Les cours universitaires avaient lieu en fin d’après-midi et le soir.

[10] Le portique a été inauguré en 1897.

[11] Originaire du gouvernorat de Buhayra, Salîm el Bichrî fut Cheikh al-Azhar de 1899 à 1903 puis de 1909 à 1917.

[12] Abû l- ‘Alâ’ al-Ma‘arrî (973-1058) fut un ascète, homme de lettres et penseur syrien. Aveugle de son enfance, il s’enferma volontairement à la maison. Ses méditations, contenues surtout dans les Luzûmiyyât (« Contraintes non nécessaires ») sont marquées par un fort pessimisme. Taha Hussein fut attiré par la figure d’al-Ma‘arrî et il lui consacra sa thèse de doctorat, la première thèse défendue dans la nouvelle Université égyptienne.

[13] El Surbonnî signifie « le licencié de la Sorbonne ». Mais avant d’y parvenir, le professeur échoua plusieurs fois l’examen de latin.

[14] Il s’agit d’un étudiant égyptien gravement malade dont Taha Hussein se sentait obligé de s’occuper.

Pour citer cet article

 

Référence papier:

Textes de Taha Hussein, « À cheval sur deux cultures », Oasis, année XIV, n. 28, décember 2018, pp. 111-118.

 

Référence électronique:

Textes de Taha Hussein, « À cheval sur deux cultures », Oasis [En ligne], mis en ligne le 27 mars 2019, URL: https://www.oasiscenter.eu/fr/extrait-de-l-autobiographie-de-taha-hussein.

Tags