La déclaration de al-Azhar ouvre la porte à une nouvelle conception de la citoyenneté qui unit chrétiens et musulmans. C’est là un début, ce n’est pas encore un tournant

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Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:57:27

C’est avec les autres composantes des nations arabes, et avant tout avec les musulmans, que les chrétiens devront non seulement construire sur les plans juridique et politique la liberté civile et ses éléments constitutifs – de la liberté de culte à la liberté de conscience et à la démocratie – mais aussi réfléchir et se confronter sur ces questions pour instaurer un nouveau climat de confiance et un langage commun.

 

Il serait judicieux de commencer ces réflexions autour du rôle des Chrétiens d’Orient dans le débat sur la liberté politique au Moyen-Orient par un trait plutôt optimiste et prometteur, malgré les drames et les souffrances que vivent les populations, et plus particulièrement les communautés chrétienne et yézidie, dans cette région du monde où une guerre ne s’éteint que pour laisser des flammes qui en allument d’autres. Ce trait optimiste vient de Paris et plus précisément de l’Institut du monde arabe où en septembre 2017 a été inaugurée une imposante exposition culturelle et religieuse de pièces qui racontent, chacune à sa manière, l’histoire prodigieuse des communautés chrétiennes qui ont vécu, déjà avant l’Islam, sur cette terre des monothéismes. L’exposition commence par l’Antiquité chrétienne la plus reculée avec les deux miracles de l’ancienne ville de Mésopotamie Doura Europos (IVe siècle) et de l’Évangile de Rabboula[1] (VIe siècle), passant par le Moyen Âge riche en manuscrits liturgiques, puis par la période ottomane illustrée par son iconographie et jusqu’à la période actuelle, avec ses productions littéraires. Inaugurée par les deux présidents français et libanais, l’exposition vise à faire connaître ces Églises très anciennes et leur grand patrimoine, que le Pape Jean-Paul II qualifia de « deuxième poumon » du Christianisme. L’exposition constitue une bonne vitrine pour l’Occident toujours curieux de connaître les patrimoines cachés de l’humanité ; pour les chrétiens occidentaux il s’agit d’un appel pour prendre conscience de la réalité des Églises orientales ; tandis que pour les chrétiens orientaux, on pourrait se demander si ce n’est pas une sorte d’annonce du fait qu’ils sont déjà relégués aux espaces muséaux en tant que communauté en voie d’extinction. Nous ne voudrions pas sombrer encore une fois dans le pessimisme, mais voir dans l’organisation de cette exposition un acte culturel et politique, du fait qu’elle sort de l’ordinaire tout en faisant partie de la politique d’exposition de l’Institut du monde arabe après une exposition sur le pèlerinage à la Mecque (hajj). Il est assez insolite d’écouter un président occidental qui, en présence de l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite et d’autres pays arabes, parle, comme l’a fait Emmanuel Macron lors de l’inauguration de l’exposition d’un ton direct et passionné, des chrétiens orientaux comme une « trace vibrante de ce qui résiste à l’imbécilité des hommes », de « la France qui est à leurs côtés » et pour laquelle « la priorité sera bien la défense de leur histoire », du fait que l’histoire commune et les liens passés l’« obligent ». Défendre les chrétiens d’Orient – a ajouté Macron – « ce n’est pas accepter les compromissions, ni défendre Bachar al-Assad ; défendre les chrétiens d’Orient, c’est être à la hauteur de l’exigence historique qui est la nôtre ».

 

 

L’identité et l’appartenance des chrétiens du monde arabe

Cette prise de conscience culturelle et politique invite toutefois à la prudence et à une précision terminologique. Certains récusent fortement l’utilisation de la formule « chrétiens d’Orient », qui pourrait évoquer une appellation donnée par les orientalistes ou par les chrétiens latins à une période déterminée, ou bien les mandats et le colonialisme ou encore les Capitulations du XVIe siècle et la protection exercée par les puissances occidentales pour telle ou telle communauté chrétienne. Il se peut que certains autres y voient une référence à la liturgie orientale, mais celle-ci pour les chrétiens du monde arabe se décline en plusieurs liturgies : byzantine, copte, chaldéenne ou syro-maronite. Même si cette appellation décrit d’une façon globale les chrétiens du Proche et Moyen-Orient et aide le lecteur à mieux saisir une réalité culturelle déterminée, elle dessert la cause de ces chrétiens dont les racines sont profondément ancrées dans les terres de leurs pays. Comme le terme « chrétiens arabes » peut suggérer l’idée d’une séparation des fidèles de leur milieu historique, culturel et linguistique originel – grec ou syriaque –, et désigner une hégémonie arabe, depuis bien des années une sorte de consensus s’est établie parmi les intellectuels, y compris musulmans, autour de l’expression « chrétiens du monde arabe ». Ce mot désigne des individus qui appartiennent à l’espace géopolitique et culturel des pays arabes et dont l’identité est un cumul historique d’appartenances multiples autant riches que difficiles à saisir et à comprendre. Ceci dit, il ne faut pas oublier que, comme l’a écrit le philosophe François Zabbal, pour les chrétiens « l’arabité était au dernier quart du XIXe siècle la voie royale vers une insertion sans faille dans le nouveau corps social. Ils devenaient, avec des musulmans de différentes confessions, les initiateurs et les acteurs d’un projet collectif dont la cohésion était en grande partie définie par un rejet de l’Autre occidental. Ce projet était celui d’une société arabe d’abord, ensuite moderne, fondée sur la raison, les sciences et l’individu »[2].

 

C’est dans ce contexte épistémologique qu’il est possible de réfléchir, en tant que chrétiens autochtones, faisant partie intégrante du monde arabe toujours en ébullition, sur des questions fondamentales comme la citoyenneté, la liberté de la communauté et de l’individu, la liberté de culte mais aussi la liberté de conscience et sur un projet sociopolitique et culturel des pays dont chrétiens et musulmans composent le tissu social et national.

 

 

Liberté et citoyenneté

C’est avec les autres composantes des nations arabes, surtout les musulmans, que les chrétiens auront non seulement à bâtir juridiquement et politiquement la liberté citoyenne et ses éléments constitutifs, allant de la liberté de culte à celle de conscience et à la démocratie, mais aussi à réfléchir autour de ces questions pour instaurer un climat de confiance et un langage commun avec des signifiants partagés.

 

La conférence sur la citoyenneté organisée par l’Université d’al-Azhar en février 2017 à l’initiative du Grand Imam Ahmed al-Tayyeb a constitué une épreuve de débat autour de questions bien difficiles et controversées pour les musulmans eux-mêmes – la liberté, la citoyenneté, la diversité et l’intégration – et un modèle de dialogue responsable qui réunit des musulmans de toutes les dénominations (surtout sunnites et chiites) et des chrétiens représentant les communautés les plus en vue du point de vue démographique. L’une des problématiques qui ont été abordées pendant les quatre sessions de la conférence a été le rapport entre citoyenneté et charia, surtout à travers deux questions qui se posent autant pour les chrétiens que pour les musulmans : comment l’État démocratique doit-il gérer le pluralisme religieux et culturel ? Et quelle citoyenneté dans une société une et plurielle ? Répondre à ces questions ne peut se faire sans une double référence à l’expérience juridique et politique actuelle, et à la dérive de l’islamisme vers un radicalisme terroriste.

 

Il s’agit pour le politologue Antoine Messarra « de revenir au patrimoine constitutionnel musulman et arabe de gestion du pluralisme religieux et culturel. Le droit, dans la philosophie de l’Islam, est personnel, par sa reconnaissance de la possibilité de plusieurs ordres juridiques en société dans certains domaines délimités. Les Ottomans, d’ailleurs, ont pu se maintenir dans un vaste empire pluri-religieux et pluriculturel, durant plus de quatre siècles, non seulement grâce à l’hégémonie et à un contexte international, mais aussi grâce à leur gestion de la diversité au moyen de régimes divers d’autonomie personnelle et de discrimination positive »[3]. Ces aménagements ne sont pas spécifiquement ottomans mais sont issus de la philosophie même de l’Islam, allant à l’encontre du principe occidental de l’unicité du droit, responsable des massacres de la Saint Barthélémy et d’autres.

 

Toutefois, ces systèmes de pluralisme juridique en matière religieuse et culturelle sont plutôt rétrogrades et recèlent une « mentalité dhimmî » [sujets de second rang, « protégés »]. Mais la ligne d’aliénation culturelle et de construction de la nation fondée sur l’idéologie de l’intégration forcée (insihâr watanî), suivie par les régimes politiques arabes, à l’exception de la Jordanie et du Liban, est également inapplicable : en effet, elle a provoqué et provoquera des phénomènes identitaires violents de tous genres, car saper la reconnaissance juridique du pluralisme entraîne inévitablement des dérives dangereuses. En tout état de cause, ce ne sont pas les chrétiens qui vont user de la violence pour manifester leur désir d’identité, d’une part par conviction religieuse et d’autre part parce qu’ils ne disposent pas des forces nécessaires pour réussir une telle inversion.

 

La solution est donc la construction d’un nouveau système politico-juridique à la lumière de la théorie, aujourd’hui mondialement reconnue, du pluralisme juridique, en accord avec les expériences des autres États et les exigences modernes de conformité aux normes de la démocratie et des droits de l’homme.

 

 

« Oumma de la cité » vs « Oumma de la religion »

C’est dans ce contexte qu’il a été question du statut de la citoyenneté et son rapport à l’appartenance. Ce qui est assez nouveau dans la déclaration d’al-Azhar est le fait de reconnaitre que dans une « cité » ou communauté politique, l’appartenance religieuse ne compte pas, parce que tous les citoyens « forment une seule oumma ». Un tel usage du terme oumma dans une acception politique marque une avancée bien importante. Cette « oumma de la cité » peut évoquer la « communauté politique » élaborée par Aristote pour dire l’ensemble des citoyens qui vivent en un lieu régi par le droit civil et non religieux. On voudrait voir dans cette conception islamique de la citoyenneté une parenté sémantique et un parallèle avec la notion moderne du pluralisme juridique. C’est dans cette conception que s’inscriraient les libertés, selon ce que certains optimistes ont voulu en dégager. Dans quel cadre politique, la citoyenneté plurielle peut-elle être pratiquée et vécue ? La réponse des intellectuels chrétiens depuis la fin du XIXe siècle comportait plusieurs niveaux : l’État confessionnel, l’État civil, l’État laïque, ensuite unifiés par la dénomination « d’État national », en référence à l’idée d’une nation née d’une volonté commune de ses citoyens, auxquels elle assure l’égalité devant la loi. L’adhésion totale et sincère des chrétiens à l’idée d’une nation arabe, pure et éternelle, les aura convaincus de se dissoudre dans le corps social, au point d’y perdre leur âme, si l’on peut dire. Mais au lieu de devenir un espace central commun, dépouillé de toutes affinités claniques et communautaires, le nouvel État-nation s’est avéré l’outil le plus convoité de réseaux communautaristes. Et dans sa chute, il ne peut qu’entraîner les chrétiens.

 

L’échec du projet de société de progrès que les élites arabes, toutes confessions confondues, défendaient au lendemain des indépendances, a laissé le champ libre aux passions religieuses, ethniques et claniques. C’est dans ce contexte que des nouveaux essais de réponse à cette confessionnalisation des sociétés ont émergé. Parmi ces essais, figure l’un des textes[4] les plus importants et les plus suggestifs publiés par S.E. Béchara Raï avant qu’il ne soit appointé comme Patriarche des maronites. Ce texte est une fervente apologie de l’État civil (dawla madaniyya), un État dans lequel se reconnaissent tous ses habitants, qui instaure une certaine séparation entre religion et État et entre religion et politique et qui favorise la participation de tous à l’édification de la société. Il est évident que le souci de ce texte est de suggérer des corrections à l’État confessionnel libanais, qui tout en continuant à privilégier la majorité numérique défavorise les chrétiens, de plus en plus minoritaires dans un pays qu’ils ont jadis forgé à leur taille.

 

Lorsque la déclaration d’al-Azhar parle d’« État national constitutionnel », une locution qui revient souvent, et au pluriel, ce n’est pas l’État moderne du XVIIIe siècle qui est indiqué, ni même l’État civil selon la vision de Raï. Le texte de la déclaration enracinerait la légitimité de la notion d’État dans le pacte de Médine que le prophète Mohammad avait conclu avec les habitants de la cité de Yathrib avant de donner à cette localité son nom actuel. D’aucuns ont vu dans cette formulation, qui parle de constitutionalité et qualifie le pacte de Médine de constitution, une concession aux conservateurs et fondamentalistes musulmans qui n’acceptent pas de légitimité politique non enracinée dans les origines de l’Islam. Toutefois le texte répète souvent des notions surprenantes : « nos patries arabes » au lieu de « la patrie arabe », « nos États constitutionnels », prenant ainsi le contre-pied de la rhétorique nationaliste arabe et de l’idéologie islamique. Cette dernière, dans toutes ses variables, a opéré, surtout depuis la révolution iranienne prônée par Rouhollah Khomeiny en 1979, une islamisation des sociétés : c’est la raison pour laquelle des actions comme celles d’al-Azhar ne doivent pas être circonscrites aux murs des mosquées ou des universités mais appeler à un réveil culturel dont le but est de promouvoir une culture des regards croisés.

 

 

De la charia à la règle de droit

Bien que dans la déclaration d’al-Azhar l’État constitutionnel demeure une réminiscence ottomane, il serait judicieux de remarquer la référence au pluralisme religieux. Ce qui est particulièrement remarquable est l’usage de la notion de « règles du droit » au lieu de la charia pour exprimer le mode qui régit la vie constitutionnelle de cet État-cité-patrie. Le penseur libanais Antoine Courban commente ce saut qualitatif par les phrases suivantes : « Ceci fournit l’occasion de proclamer que le devoir premier de ‘nos États’ est d’assurer la protection et les droits des citoyens. C’est là que l’individu est sous-entendu sinon évoqué. Cette nécessité de protéger les citoyens est dite dans l’intérêt vital de ‘nos fils et de nos filles’. Le texte ne se contente pas de dire ‘les croyants’. De plus, insistant sur la diversité au sein de la cité, la déclaration dit clairement : ‘Les citoyens musulmans, chrétiens, ainsi que d’autres’. Ces ‘autres’, qui sont-ils ? En tout cas ils ne sont ni chrétiens ni musulmans. Ils pourraient sans doute appartenir à d’autres croyances, voire ne pas être croyants, bien que le texte ne le dise pas. Quoi qu’il en soit, il faut être malintentionné pour ne pas voir dans de telles expressions une véritable révolution culturelle »[5]. Notons enfin que cette notion de citoyenneté mise en œuvre dans l’État national constitutionnel récuse catégoriquement le concept même de « minorité ». Car c’est ou la citoyenneté ou le fractionnement de la communauté politique en factions minoritaires qui n’hésiteront pas à entrer en conflit violent entre elles.

 

Certes, la déclaration d’al-Azhar n’est qu’un début, et non pas un tournant décisif. Il faut laisser cette déclaration se traduire dans les faits, notamment dans les programmes de formation des oulémas. Ce texte fixe le cadre de la coexistence des groupes tout en laissant la porte ouverte vers une évolution future. En l’état actuel, ce texte est plus prudemment communautaire que citoyen au sens moderne du terme. Mais face à l’extrémisme outrancier des islamistes, il demeure une référence salutaire, non seulement pour les musulmans mais également pour les non-musulmans arabes qui, souvent, ont tendance à jouer le rôle de censeurs avant de procéder à l’autocritique de leur discours. Cette déclaration est une main tendue, il appartient aux chrétiens orientaux de la saisir et de dialoguer face à face et en toute transparence. Ils sont également appelés à œuvrer pour une citoyenneté authentique et à ne pas s’enfermer dans l’esprit minoritaire avec toutes les souffrances identitaires que cela entraîne. Celui qui a parfaitement compris la portée de la déclaration d’al-Azhar pour la citoyenneté et le vivre-ensemble, et sa parenté avec le message du Liban, est le patriarche maronite le cardinal Béchara Raï, qui, dès son retour du Caire, a déclaré : « Il faut cesser de parler de minorités ».

 

 

Un monde arabe soucieux de justice

Liberté et citoyenneté ne sont pas tout. Les chrétiens doivent élargir leur angle de vision afin de participer aux luttes du monde arabe et musulman : l’engagement pour la patrie palestinienne, l’aide aux déplacés et aux réfugiés, une meilleure gestion de la démographie galopante, la solidarité avec les plus pauvres, la lutte contre la corruption si généralisée et qui touche toutes les communautés, la lutte contre le chômage et pour un système d’éducation qui forge les compétences dont a besoin le monde arabe. Si la tradition occidentale, enracinée dans la philosophie politique moderne, insiste sur les libertés comme fondement du bon fonctionnement des sociétés et de la démocratie, le patrimoine oriental, chrétien et musulman, mais surtout musulman, ne peut envisager une conception de la liberté dans ses différentes déterminations sans le souci de la justice. La liberté pour ainsi dire ne peut être conçue et vécue sans la solidarité avec le monde ambiant. D’ailleurs les manifestations populaires lors du printemps arabe revendiquaient la liberté, la possibilité de participer aux décisions et la justice en face d’un monde libéral qui ne tient pas compte des faibles. Les chrétiens doivent ainsi prendre en considération cette revendication qui touche des dizaines de milliers de jeunes (dont plus de 30 pour cent des diplômés universitaires sont sans travail) et de moins jeunes réduits au chômage et à la mendicité pour gagner leur pain quotidien. Si le monde arabe et musulman ne trouve pas d’issue à ces questions, un nouvel islamisme ne se fera pas attendre, qui surfera sur la vague de mécontentement. Et les premiers à en payer le prix seront les musulmans ouverts au dialogue et au partenariat avec les autres et les chrétiens, qui encore une fois seront forcés d’émigrer et de se replier sur soi.

 

 

Un levier pour le développement de la fraternité

Il est évident qu’à côté des chemins qu’avaient pris les chrétiens – celui du communautarisme minoritaire militant replié sur soi-même au Liban et ailleurs, et celui du militantisme pour un État complètement laïque, une revendication encore existante mais peu influente – il existe une troisième voie. Cette voie, que le dialogue entre chrétiens et musulmans a rendue possible, est à tracer dans la citoyenneté, le vivre-ensemble, la participation politique et la renaissance culturelle fidèle à l’esprit de la Nahda du début du XXe siècle. Le politicien libanais et intellectuel Tarek Mitri, un homme de dialogue et de médiation, dit que « l’avenir des chrétiens du monde arabe ne dépend pas seulement des contributions dont ils sont capables, mais aussi de l’attention qu’y porteront leurs concitoyens musulmans, une attention qui ne doit pas être condescendante mais solidaire, et dans l’intérêt de tous, sensible aux richesses d’un pluralisme susceptible de prémunir le monde arabe du triste visage de l’uniformité »[6]. La contribution d’al-Azhar et avant cela la charte de Marrakech sur les droits des minorités religieuses, signée en janvier 2016 au Maroc par des leaders religieux de différentes confessions dans le monde arabe, en sont des modèles qu’il faudra poursuivre et traduire dans la réalité par des actions qui s’inscrivent dans la moyenne et la longue durée.

 


[1]Il s’agit de copies manuscrites et enluminées des évangiles que Rabboula (350-436), évêque d’Édesse, fit traduire en syriaque au Ve siècle (NdlR).
[2]François Zabbal, « La question chrétienne dans le monde arabe », conférence à l’Université d’été européenne assomptionniste, 29 août 2010.
[3]Antoine Messarra, Charia et citoyenneté, « L’Orient-le Jour », 6 mars 2017, http://bit.ly/2yGh6bM
[4] Béchara al-Raï, La Charte de l’action politique à la lumière de l’enseignement de l’Église et de la spécificité du Liban, Beyrouth, février 2009.
[5]Antoine Courban, Al-Azhar : un écho historique du message « Liban » ? « L’Orient le Jour », 10 mars 2017, http://bit.ly/2hNLGx2
[6]Tarek Mitri, L’inquiétude des chrétiens d’Orient à l’épreuve de la citoyenneté, « L’Orient Littéraire », juin 2011, http://bit.ly/2wx4IKB

 

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